S’installer praticien shiatsu en France
Auteur : Publié le 05/10/2019 à 20h15 -Etre praticien en shiatsu est-il un métier comme un autre ? Quelles sont les étapes pour s’installer en tant que professionnel du shiatsu ? Peut-on devenir praticien shiatsu avec le statut d'auto-entrepreneur ? Peut-on exercer sans diplôme ? Est-il possible d'en vivre correctement ? Et comment faire en sorte de réussir ?
Tout savoir sur l'installation du praticien shiatsu
Le shiatsu est une pratique non conventionnelle et non médicale.
C'est l'une des 8 pratiques alternatives complémentaires reconnue en Europe comme médecine non conventionnelle mais digne d'intérêt.
A travers différentes manoeuvres comme les pressions et les étirements, le shiatsu vise à rééquilibrer l’organisme. Venant du Japon, sa naissance s'est inspirée de la médecine traditionnelle chinoise, des massages amma et de la chiropraxie occidentale.
Avec les paumes des mains et les doigts, le praticien shiatsu réalise des pressions sur le corps afin de ramener l’équilibre de l’organisme. Cette régulation est essentiellement obtenue par l'effet de détente procurée par la séance shiatsu. Le shiatsu a pour objectif principal d'obtenir un relâchement global réel et profond.
L'essence du shiatsu est d'utiliser les doigts et les paumes de mains. C'est la définition du shiatsu : pressions digitales ou pressions avec les doigts. On a parfois tendance à l'oublier. Si on effectue des pressions avec les pieds cela s'appelle sokuatsu ; c'est un autre type de massage avec ses particularités.
Il est vrai que certains styles shiatsus ont intégré des manoeuvres supplémentaires aux pressions digitales en ajoutant des pressions avec les genoux, les coudes ou encore les poings.
Aujourd'hui, d'autres manoeuvres comme les étirements, les frictions, les pétrissages, les meulages complétent l'arsenal technique du shiatsu.
Chaque séance se tient sur une table de massage adaptée ou un futon posé sur le sol. La séance se déroule normalement habillé. C'est d'ailleurs l'un des critères spécifiques du shiatsu. Si un patient se déshabille, on entre dans d'autres disciplines comme les massages traditionnels, l'ostéopathie ou la kinésithérapie notamment. Une séance dure en moyenne une heure. Mais la fourchette peut s'étendre de 15 minutes à 120 minutes.
Il est clair que le shiatsu bénéficie d’une notoriété grandissante en France. En effet, depuis les années 1970, le nombre des praticiens augmente. Le grand public consulte de plus en plus de praticiens en shiatsu. Des réseaux de professionnels se sont constitués afin d’informer et de former le plus grand nombre.
Le shiatsu se démocratise car il répond à de multiples demandes comme la baisse du stress, réduction des tensions nerveuses, mal de dos, mal aux articulations, mal aux épaules, soulagement des contractures musculaires, douleurs inflammatoires, problèmes de sommeil, constipation, diarrhée, amincissement, etc...
Quel statut juridique pour un praticien shiatsu ?
La profession de praticien shiatsu est une activité libérale, la déclaration d’activité se fait auprès du centre de formalité des entreprises (CFE) et de l’URSSAF (ancien RSI).
Un praticien shiatsu peut envisager différents statuts juridiques pour s’installer, du plus courant au moin usité :
- La micro-entreprise comme le régime auto-entrepreneur est le statut privilégié car il est très simplifié et bien adapté pour un démarrage. Il est aussi possible de déclarer son début d’activité directement en ligne.
Les principales caractéristiques du régime auto-entrepreneur sont les suivantes :
pas de comptabilité analytique avec un expert-comptable à payer,
pas de TVA à facturer,
réaliser un suivi des recettes dans un cahier ou un document informatisé,
avoir un compte bancaire distinct du compte personnel,
la micro-entreprise est soumise à des plafonds de chiffre d’affaires (66 400 euros en 2018),
- L’entreprise individuelle en nom propre (EI) est un statut peu conseillé du fait des modalités de calcul des cotisations sociales,
- L’association loi 1901, en tant que salarié / intervenant de l'association (et non membre du bureau).
- L’EURL (associé unique) ou SARL (minimum 2 associés). C’est un statut bien adapté si l’activité en terme de chiffre d'affaires est plutôt élevé. Le gérant détermine lui-même sa rémunération, qui sert de base au calcul des cotisations sociales,
- La SASU est un régime juridique est moyennement adapté car plus coûteux que l’EURL.
- Le portage salarial se fait que très rarement.
Voici les principales étapes pour s’installer en tant que praticien shiatsu :
- Se former : choisir une école de renom comme l'IFS, la FFST, le SPS des enseignants reconnus qui ont écrit des livres par exemple ou par le "bouche à oreille" d'anciens élèves devenus professionnels,
- Réaliser une étude de marché (lister les besoins, étudier le nombre de praticiens dans la ville par exemple),
- Chercher un lieu d'exercice, salle chez soi ou local commercial,
- Choisir un statut juridique et s'enregistrer au CFE et l'URSSAF,
- Souscrire une assurance professionnelle,
- Lancer la communication de l’activité.
L'un des principes de base pour trouver des clients est de déléguer les tâches que l'on ne souhaite pas accomplir, que ce soit par manque de motivation ou de compétence. Par exemple, le démarchage commercial avec la distribution de flyers pour se faire connaitre au début.
Qualités et facteurs de réussite pour un praticien shiatsu à son compte.
Être praticien shiatsu ne s’improvise pas et nécessite des connaissances approfondies dans de nombreux domaines : anatomie, physiologie, théorie médecine traditionnelle chinoise et japonaise, connaissance des contre-indications, technicités des manoeuvres.
Parmi les facteurs de réussite, voici une liste d'opérations intéressantes :
- participer à des événements, des salons, des conférences,
- gagner en notoriété en mettant en avant des témoignages clients,
- si vous avez un budget conséquent, il est bon de créer un site internet de qualité et bien référencé, sinon vous pouvez vous inscrire sur un annuaire de renom comme Shiatsu France,
- soigner le relationnel avec ses clients et prospects,
- avoir une posture cohérente : on ne fume pas si on conseille des clients qui souhaitent arrêter de fumer par exemple,
- tenir un discours clair et sérieux : pas de déviances érotiques, prosélytisme, charlatanisme, magicien, etc...,
- porter une tenue vestimentaire sobre : éviter le kimono avec des fleurs,
- bien décorer le lieu : le local doit être propre, bien chauffé et clair,
- opter aussi pour un cabinet partagé avec d’autres professionnels,
- acquérir des connaissances complémentaires,
- continuer à se former (un diplôme ou un titre n'est pas la fin des études mais plutôt le début!),
- proposer ses services aux entreprises,
- ne pas hésiter à développer son réseau.
La réglementation du shiatsu : peut-on exercer sans diplôme ?
En France, la profession de praticien shiatsu n’est pas réglementée de façon homogène.
Son exercice est d'une certaine manière libre sans avoir à donner la preuve d’une formation ou d’un diplôme particulier.
Mais de fait, le shiatsu exige une formation au sein d’une école de shiatsu reconnue.
La formation pour faire de la détente bien-être comme du shiatsu assis en entreprise ne prend que quelques jours.
Mais pour exercer de manière professionnelle, il faut au grand minimum 500 heures d'études (c'est la moyenne des formations en France). Une formation en shiatsu dure généralement trois années, voire quatre ou cinq. Concernant ce point, le praticien au Japon aura plutôt effectué entre 2500 et 3500 heures. Donc, il est bon de rester lucide dans la pratique professionnelle en France.
Il existe de nombreuses écoles de shiatsu en France.
Certaines écoles sont des organismes de formation reconnus et agréés. Ce qui est un minimum pour exiger une formation professionnelle.
Il y a des écoles ou association membre de la FFST (Fédération Française de Shiatsu Traditionnel), du SPS (Syndicat Professionnel de Shiatsu), de l'UFPST (Union Francophone des Praticiens en Shiatsu Thérapeutique), de l'Académie de Shiatsu, etc.
Il y a également diverses écoles indépendantes réparties sur tout le territoire.
Dans tous les cas, une certaine vigilance doit s'imposer notamment sur l'agrément de l'association et sur les discours et programme pédagogique tenus.
L'offre est (sur)abondante et il n'existe par en France une liste exhaustive des écoles.
L'annuaire Shiatsu-France.com a dans ses objectifs de répondre à cette problématique de référencement.
Il existe notamment les titres de "Spécialiste en Shiatsu" et "Technicien en accu pression énergétique et shiatsu" qui ont été ajouté au Répertoire National des Certifications Professionnelles.
Lire plus sur le Titre RNCP est-il un diplôme ?
Les tarifs du praticien shiatsu
Selon la région géographique d'exercice, la fourchette des tarifs va de 40 euros à 100 euros pour une séance. Les praticiens shiatsu jouissant d’une bonne notoriété pourront mieux gagner leur vie.
Le temps nécessaire pour y arriver
Quelques-uns arrivent à se constituer une clientèle rapidement au bout de 6 mois. Ceux-ci sont les plus "chanceux".
Parmi leurs secrets, on voit qu'ils ont généralement installé leur activité au sein d'un cabinet pluri-activités avec ostéopathe, réflexologue, naturopathe, acupuncteur, infirmier(e) ou même médecin généraliste. Ainsi, l'échange inter-disciplinaires est favorisé.
De plus, ils ont souvent un fort réseau local car ils exercent dans une zone géographique où ils connaissent déjà beaucoup de monde : famille, amis, collègues de leur ancien environnement professionnel. La communication du bouche à oreilles est ainsi boosté.
Enfin, leur dernier secret est leur tempérament. Ce sont souvent des personnes extraverties, enjouées, qui aiment discuter, avec un sens de l'écoute et avec un excellent relationnel.
De manière plus réaliste, la patience est de rigueur. Il faut savoir que 4 ans sont parfois nécessaires pour se constituer une clientèle stable. C'est pourquoi ce critère doit être pris en compte dans la création ou dans sa reconversion.
En résumé...
Comme tout métier, devenir un vrai professionnel demande du temps, du sérieux, de l'engagement, des compétences.
Comme indépendant, cela demande aussi d'être "multi-tâches".
Et comme artisan du shiatsu (pour rappel le shiatsu est certes une médecine au Japon, une méthode, une discipline mais aussi un art) la pratique par l'entraînement est de rigueur. Les Japonais disent d'ailleurs que seule la pratique compte ou plutôt l'expérience ! On comprend le shiatsu que si on le pratique. Le diplôme, le titre, le certificat, c'est flatteur, c'est gratifiant, c'est important mais ce n'est clairement pas l'essentiel pour devenir un praticien professionnel en shiatsu. L'essentiel est de pratiquer, pratiquer et pratiquer, en gardant à l'esprit les mots humilité, rigueur, enthousiasme et persévérance.
Comme dans toute profession et quel que soit le secteur, il y a de la place pour tout le monde.
Il faut simplement (et c'est sans doute le plus dur) savoir ce que l'on veut réellement.
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