Le système primo vasculaire ou le réseau de Bonghan
Auteur : Publié le 03/07/2020 à 17h48 -La médecine orientale dont la fameuse médecine chinoise avec notamment son acupuncture, sa moxibustion et ses massages repose sur certains fondements. L'un d'entre eux est celui de la circulation d'énergie, de fluides et de liquides dans des canaux que l'on nomme méridien. Au Japon, il y a la famille des Keiraku Shiatsu littéralement shiatsu des méridiens. A travers les appuis et les pressions, l'énergie est régulée dans ces canaux ce qui permet de maintenir ou de rétablir la santé du receveur. Mais qui sont ces méridiens et existent-ils vraiment ?
Certains pensent que les méridiens n'existent pas.
D'autres pensent qu'il sont les fameux fascias du corps humain.
La réalité de la nature bien souvent plus subtile et complexe que les apparences et les raccourcis nous ouvre sans doute d'autres voies...
En 1972, les archéologues chinois ont découvert sur le site de Mawangdui dans la province du Hunan de nombreuses tombes datant de la dynastie Han. Et sans doute les plus anciens documents connus de la médecine chinoise dont le célèbre Huangdi neijing.
Des textes apportant de nouvelles informations comme le méridien shoujueyin Maître du Cœur qui serait le dernier à être apparu parmi les méridiens principaux.
Les points xue d’acupuncture sont a priori peu mentionnés et peu nommés. Certaines hypothèses à propos de leur création affirment que les points auraient été introduits sous la dynastie Tang au 8ème siècle ! Ce qui voudrait dire que la notion des méridiens Jingluo serait nettement antérieure à celle des points d’acupuncture. Le système des Jingluo ne doit pas alors être pensé comme la théorie d’intégration des points d’acupuncture mais plutôt comme le reflet de trajet des douleurs projetées neurologiques ou de trajet vasculaire.
En lire plus sur les méridiens classiques
La science moderne essaie de comprendre les méridiens en essayant de les "voir" sur un plan anato-physiologique.
Les travaux de Schlebusch et coll. parus en 2005 visualisaient après stimulation d'un point d'acupuncture par moxibustion et à l'aide d'une caméra infrarouge travaillant dans les mêmes longueurs d'onde, des structures apparentées aux méridiens Estomac, Vessie et Rate-Pancréas. Ceci semblait non seulement confirmer l'existence des méridiens, mais ouvrait de nouvelles perspectives quant à la compréhension de la dynamique des transferts d'énergie au sein de l'organisme humain. Yang et coll. objectivaient également chez trente volontaires sains par technique d'imagerie thermique infrarouge l’existence de rayonnements qui suivaient de la même façon les trajets des méridiens d’acupuncture.
Sur la figure 1 ci-dessus : Thermogrammes (artefacts réflexogènes ou méridiens ?) d'un volontaire. Le cigare moxa (longueur 20 cm et diamètre 1,5 cm à Hunan en Chine) utilisé pour la stimulation (distance d'environ 10 cm, durée d'environ 5 à 10 min) est visible sous forme d'une zone blanche circulaire (température moyenne de 550 ° C mesurée avec Flir ThermaCAM S65 avec un maximum d'énergie compris entre 3 et 3,5 μm). En fonction de l'angle de réflexion, des effets de réflexion technique visibles sous forme de lignes sur des parties facultatives du corps (a - d) peuvent se produire. l'échelle thermographique a été définie du bleu (25 ° C) au rouge / blanc (41 ° C).
Cependant, Gerhard Litscher a émis de nombreux doutes et pense que ces images thermographiques des méridiens ne représentent que des artéfacts dus à la réflexion de la radiation thermique de la moxibustion. Ces artefacts thermographiques peuvent également être observés chez des sujets décédés depuis plus de 12 heures ; alors que les flux d'énergie, de sang ou d’influx nerveux ne peuvent plus "exister". De ce fait, ces mesures démontrent que ces structures semblables au méridien d’acupuncture visualisées par thermographie se doivent d’être interprétées que comme des artefacts.
Trois images thermiques (et une photographie) avec des artefacts chez un sujet mort. L'échelle des images thermiques a été définie de 15 ° C (bleu foncé) à 40 ° C (rouge / blanc). Les flèches rouges marquent la réflexion à la surface du corps (jambe) et les flèches grises celles sur une surface métallique. L'étude sur le cadavre (84 ans, femme) a été approuvée par le président du comité d'éthique de l'Université de médecine de Graz. L'enquête a été effectuée 14 heures après la détermination du décès.
En savoir plus sur le système musculaire et les fascias
Il est probable que les méridiens soient en réalité plusieurs choses à la fois !
- Le tissu conjonctif lâche
- Le réseau de Bonghan
- Les trajets cutanés
- Les liquides interstitiels
- Les forces mécaniques liées aux stimulations
Tissu conjonctif lâche
Les tissus conjonctifs sont composés de cellules disjointes et dispersées dans une matrice extracellulaire abondante qui est constituée de fibres, de substance fondamentale et de glycoprotéines de structure. Les points et les méridiens d'acupuncture peuvent être vus comme une représentation du réseau formé par le tissu conjonctif lâche.
Radiotraceur
En 1984 après une présentation devant l’Académie de Médecine puis publication, l’équipe française de De Verjenoul et Darras porte à la connaissance du Grand Public par l’intermédiaire de journaux à grande diffusion et d’émissions télévisés qu’après injection d’un radiotraceur (le technétium-99mTc-pertechnetate) au niveau des points d’acupuncture, les méridiens se visualisent peu à peu par l’apparition des trajets radioactifs.
Des auteurs chinois ont obtenu des résultats équivalents. Kovacs et coll. ont réalisé des études similaires en injectant du 99mTC sur les points de moindre résistance électrique cutanée chez le chien et ont observé également l’existence d’une diffusion longitudinale et progressive du traceur radioactif qui n’était pas pour eux le résultat de l’absorption par les nerfs, les veines ou les vaisseaux lymphatiques, mais plutôt spécifique du trajet décrit pour les méridiens d’acupuncture chez le chien.
Chez le rat, des auteurs coréens ont montré dans une étude de faisabilité que l’injection d’un radiotraceur sur les points V18 (ganshu, beishu du Foie), V20 (pishu, beishu de Rate) et V23 (shenshu, beishu des Reins) pouvait engendrer une migration visible en imagerie par résonance magnétique, à l’intérieur du corps vers les organes contrôles cibles, à savoir respectivement Foie, Rate et Rein selon les concepts de la médecine chinoise. Par contre, ils n’ont pas visualisé la migration sur le méridien même de Vessie.
Mais de nombreux travaux proposèrent une autre interprétation : les trajets visualisés correspondraient en fait à un drainage veino-lymphatique.
En 1992, De Verjenoul et al. s’opposent à cette théorie veino-lymphatique et expliquent que cette visualisation des tracés des méridiens est davantage en rapport avec la diffusion du traceur radioactif au niveau des paquets vasculo-nerveux du tissu conjonctif tandis que Kovacs et coll. en 2000 proposent une explication en rapport avec un mécanisme similaire à celui de l'électrophorèse capillaire expliquant la diffusion hypodermique.
En 2003, Ma et coll. démontrent ainsi que le méridien correspondrait à un passage de fluide dans un espace périvasculaire (PVS) autour des vaisseaux sanguins indépendant des vaisseaux sanguins et lymphatiques. Ils ont étudié les caractéristiques des tissus autour des vaisseaux sanguins le long des méridiens Estomac (zuyangming) et Vésicule Biliaire (zushaoyang) grâce à l'injection de bleu de méthylène, un colorant périvasculaire. Ils observent alors que le PVS montre de manière statistiquement significative une plus grande conductivité électrique (p<0,01) et une pression partielle d'oxygène (pO2) (p<0,001) sensiblement plus élevées par rapport aux tissus adjacents. Et ils expliquaient que ce PVS, espace interstitiel dans les tissus conjonctifs lâches serait la structure anatomique qui offrirait une bonne explication concernant le mécanisme et la transmission des molécules informationnelles induites par l'acupuncture.
Le réseau de Bonghan
Bonghan Kim a proposé dans les années 1960 la théorie de Bonghan pour expliquer la structure anatomique des points et des méridiens d’acupuncture. Il a décrit les points d’acupuncture comme des corpuscules contenant des granules Sanal connectés à des structures filiformes intravasculaires : le réseau de Bonghan.
D’autres chercheurs coréens ont mis en évidence les canaux intravasculaires. Grâce à la méthode de la coloration de l’acridine orange, Lee et al. en 2004 ont réussi à visualiser ces structures filiformes intravasculaires de 10 à 20 microns de longueur et de 30 microns de diamètre mis en évidence dans les vaisseaux sanguins de rats et de lapins. Il ne s’agit pas de filaments de fibrine, mais de structures transparentes incluses dans le vaisseau sanguin, distribuées en bâtonnet avec un nucleus en ligne brisée, à la manière de rayures.
Les corpuscules de Bonghan correspondraient aux points d’acupuncture reliés au réseau filiforme intravasculaire qui formerait le réseau des méridiens. D’autres auteurs coréens Soh et Ogay ont montré que ces structures intravasculaires sanguines ou lymphatiques forment un système primo vasculaire visible par coloration spécifique et sont totalement indépendantes et distinctes des vaisseaux sanguins ou lymphatiques.
Mais jusqu’à aujourd'hui ce système primo vasculaire de Bonghan ne reste qu’au stade de conjecture car les travaux n’ont jamais été reproduits en dehors des laboratoires coréens. De ce fait, ce n’est toujours pas reconnu par la communauté scientifique internationale, même si les études continuent.
Images stéréomicroscopiques des canaux de Bonghan et du corpuscule à la surface des organes internes du lapin. (A) Canal de Bonghan (flèche) intact sur la surface du gros intestin intact : structure de tissu semi-transparente, librement mobile. (B) canal de Bonghan (flèche) après coloration au bleu de méthylène. (C) corpuscule de Bonghan (tête de flèche) sur l'intestin grêle relié aux canaux de Bonghan (flèches) ; corpuscule et conduits contrastés en utilisant le bleu de méthylène
En résumé
Il est clair que les études scientifiques internationales sur ces sujets manquent grandement.
Comprendre la circulation de l'énergie : sang, liquides, eau, etc. à travers des tuyaux visibles et définis reste plutôt simple en réalité.
Mais amener de la conscience et du ressenti dans l'observation et la description devient plus subtile, plus délicat.
Cela reviendrait à sortir ou plutôt ne plus rester dans le monde du visible ; par rapport au monde médical conventionné, celui d'une anatomie et d'une physiologique bien souvent statique, catégorisée et cloisonnée.
Alors continuons les études...
Sources et Notes :
© Rixin Chen's et Zhimai Lv - Jiangxi University of Traditional Chinese Medicine
© Journal of Acupuncture and Meridian Studies 2009
© BioMedCentral
© Dr Jean-Marc Stéphan - Acupuncture : de la Tradition à la Science
© Tous droits réservés Shiatsu-France.com
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