Chronique : les liens entre physique quantique et pratique shiatsu ?
Auteur : Publié le 14/02/2020 à 18h03 -Recevoir un shiatsu, c’est plonger au fond de soi-même et prendre conscience que nous touchons quelque chose d’essentiel. Voici comment Pierre-Henri Theret vous accueille sur son site ; n'est-ce pas une invitation à une immersion intime ? Pour ressentir ce « au fond de soi » le shiatsu est le soin manuel évident mais pour comprendre ce "au fond de soi" la physique quantique est sans aucun doute la discipline qui apporte sa part d'objectivité. Retrouvez ci-après la Chronique de Pierre-Henri sur les liens entre physique quantique et shiatsu.
En préambule
En 1993 et 1994, j'étudiais à l'université de Lille 1 la physique théorique et je passais en fin d'année 1994 ma Maîtrise de physique théorique. Parmi les disciplines que j'ai suivies, la physique quantique m'avait particulièrement intéressé.
Aujourd'hui je serai bien incapable de résoudre une équation différentielle, de calculer les valeurs propres d'une matrice ou de manipuler « bra »,
« kets », « vecteurs d'état » et autres outils mathématiques pointus associés à la physique quantique.
Et si je n'ai plus aujourd’hui plus la vision mathématique, il m'ait resté quelques concepts fondamentaux de cette discipline qui me permettent de trouver une logique intéressante à ce que produit le Shiatsu ou la réflexologie.
Je vous donne ici ma vision sur le sujet quantique en vous apportant autant que possible quelques petites explications ou repères issus de mon parcours scientifique.
Au commencement...
Les origines de la physique quantique remontent au tout début du 20ième siècle. Quelques grands noms bien connus dans le monde de la physique et des mathématiques s'interrogent sur quelques phénomènes que la physique habituelle - dite classique, ne permet pas d'expliquer. Parmi ces personnages se trouvent Max Planck, Albert Einstein, Erwin Schrödinger, Wolfgang Pauli, Werner Heisenberg, Louis de Broglie, Max Born, Niels Bohr, Marie Curie et d'autres. Ils se réunissent en 1927 lors de la conférence de Solvay qui porte sur la physique quantique (Solvay est un industriel Belge qui a sponsorisé une série de conférences scientifiques à partir de 1911).
Ces grands noms, les plus connus, mais aussi beaucoup d'autres, participent d'une façon ou d'une autre à l'élaboration des fondamentaux de la physique quantique.
Le terme « quantique » provient de la théorie du «quantum d'énergie» établie par Max Planck. Ce scientifique fait un vrai pas en avant en créant un modèle mathématique expliquant enfin une anomalie du modèle classique du rayonnement du corps noir appelée «la catastrophe de l'ultraviolet».
Pour répondre à ce problème, Planck propose en effet un modèle basé sur la notion de « paquets » d'énergie (les quanta) et non plus sur les modèles du rayonnement électromagnétique qui prévoyaient un comportement catastrophique dans l'expérience du corps-noir, fort heureusement non observé dans la réalité.
C'est aussi cette théorie des quanta que reprend Einstein pour expliquer l'effet photoélectrique vers 1905. Viendront ensuite en quelques années seulement une série de découvertes extraordinaires qui vont poser une à une les briques fondamentales de la théorie de la physique quantique.
Qu'est-ce que la physique Quantique ?
C'est la physique de l’infiniment petit. La physique des particules, subatomique s'appuient sur les théories quantiques. Elle complète et se heurte presque sur certains aspects à la physique classique, déterministe et s'appuyant sur des modèles établis et confortés de longue date, sans pouvoir expliquer quelques phénomènes étranges.
Cette physique classique c'est celle de Newton, Maxwell, Faraday, Kepler, Archimède, Galilée... Elle se base sur des notions de déterminisme, de répétabilité, de causalité, d'indépendance de l'observateur. Entre les lois de Newton et celles de Maxwell, il est admis jusque-là que nous avons tout ce qu'il faut pour comprendre la matière et les ondes.
La physique quantique quant à elle, s'appuie sur la théorie des probabilités : un système peut passer d'un état A à un état B selon une certaine probabilité. Elle n'exclut pas qu'un objet puisse être à la fois dans un état et dans un autre (un électron ou un photon est à la fois une onde et une particule, ce que la physique classique exclut). Elle postule que l'observateur et de façon générale le système de mesure font partie du système observé et l'influencent donc de ce fait. Elle considère que nous ne pouvons pas connaître à la fois avec précision la position et la quantité de mouvement d'une particule ce qui amène la remarque intéressante que la notion de trajectoire n'a pas de réalité propre en physique quantique....
La science avance !
La physique quantique n'est plus la discipline hyper pointue, presque mystique réservée à une seule élite.
Elle reste bien évidemment une discipline scientifique «pure», avec ses bases mathématiques et ses théories complexes - notamment probabilistes, mais elle s'étend maintenant dans d'autres disciplines comme la biologie, la psychologie, la cosmologie, les neurosciences pour expliquer des phénomènes qui ne sont pas explicables avec les théories classiques... On peut aussi ajouter l'homéopathie, tellement décriée depuis des années, mais qui finalement pourrait bien s'appuyer sur des bases fondamentales de la physique quantique.
Les chercheurs commencent à découvrir que la vie est plus que ce qu'elle paraissait jusque-là, et que les lois de la physique quantique s'appliquent finalement aussi dans l'organisation de la Vie, dans l'être Humain et ses comportements. Évidemment, cette théorie n'est pas du « pipeau », elle n'est même plus uniquement « théorique » mais bien « appliquée », puisqu' elle est utilisée dans beaucoup de domaines de la vie courante : le laser, les transistors et les semi-conducteurs, les clés USB, les composants électroniques en général, les IRM... mais on ne l'avait pas vraiment appliquée encore à l'être humain, dans son fonctionnement, que ce soit d'un point de vue biologique ou d'un point de vue psychologique ou psychique.
On découvre de plus en plus de choses intéressantes, souvent qualifiées de farfelues, mystiques, spirituelles, magiques, absurdes... Mais maintenant, tout cela s'appuie sur des expériences, des observations ou des concepts fondamentaux de la physique quantique : la synchronicité, l'effet tunnel, le principe d'exclusion de Pauli, le principe d'incertitude d'Heisenberg, le Chat de Shrödinger, l'effet Casimir...
La physique quantique nous amène à des dimensions infinitésimales, nanométriques, que la science classique ne sait pas traiter. Elle s'intéresse au monde subatomique, le monde des ondes et des particules, à tout ce qui se passe au plus profond de la matière, là où justement on ne peut plus la distinguer vraiment de l'énergie, du vide, de l'ondulatoire... A ces niveaux les postulats classiques du déterminisme, de la neutralité de l'observateur, de la causalité, de la localité... ne sont plus valables.
Et il y a des chances pour que ce qui soit constaté à l’infiniment petit ait des effets à l'échelle humaine.
Qu'est-ce que cela nous apprend ?
Lorsqu'on touche au plus profond de l'être humain, les connaissances scientifiques classiques atteignent leurs limites et elles ne peuvent plus expliquer ce qu'il se passe. C'est là que la physique quantique intervient -l'infiniment petit, c'est son domaine, et elle apporte des solutions ou a minima des éléments de réflexion et des pistes d'étude intéressants.
On apprend par exemple que les cellules du corps humain échangent continuellement des informations, qu'elles émettent de la lumière (biophotons) en permanence et que celle-ci pourrait bien caractériser notre état de santé ;
que nos aliments sont vibratoires et que ces vibrations peuvent être bénéfiques ou pas selon telle ou telle personne ;
que notre représentation du temps et de l’espace dépend de nos capacités sensorielles et de l'interprétation que nous en faisons et que tant que cet espace-temps n'a pas été observé (on pourrait dire aussi « vécu »), il n'est qu'une superposition de tous les états possibles, dans l'attente de se figer dans une seule réalité au moment où nous l'observerons (où nous interagirons) ;
que le vide n'est pas vide. Il fluctue à des dimensions tellement infimes que nous ne savons pas (encore ?) l'observer ; du vide peut naître des photons, et même de la matière. Toutes les choses que nous côtoyons sont d'ailleurs faites de vide. L'atome en est rempli à plus de 99,99%. Le vide, tant qu'il est vide, est dit « non-manifesté » ;
que la loi de cause à effet n'est pas la seule loi mais qu'il existe une causalité globale qui nous relie et détermine ce qui se passe et ce qu'on est (matrice des états possibles en physique quantique) ;
que le phénomène d'intrication (la capacité de deux particules initialement liées à conserver leur relation quelle que soit la distance qui les sépare : un changement d'état de l'un produit instantanément un changement d'état sur l'autre) amène à penser, pourquoi pas, que d'une façon ou d'une autre tout est relié ;
que le moindre souffle, qu'une simple pensée, qu'une onde, peuvent suffire à transformer le monde (effet papillon quantique);
que « l'infiniment grand se retrouvant dans l'infiniment petit » s'appuie sur des théories solides et s'observe bien sûr à plusieurs niveaux dans la nature qui nous entoure, mais aussi dans l'univers à grande échelle. C'est le principe de la non localité, que l'on retrouve dans les théories mathématiques fractales, ou dans les hologrammes où « chaque partie du tout contient en latence le tout » ;
et tellement d'autres choses...
Ces recherches nous amènent à ouvrir notre conscience au monde et à percevoir la vie comme un tout, chaque être comme une partie de ce tout. En tant qu’Être doué de conscience, nous avons un pouvoir insoupçonné mais bien réel sur les choses et les êtres qui nous entourent, et sur notre vie.
Et le Shiatsu alors ?
Le Shiatsu, comme d'autres techniques ancestrales, prend fondamentalement en compte ces notions de façon implicite. Pas la peine de connaître les équations de Schrödinger ou de Maxwell, le principe d'exclusion de Pauli, les quarks ou les spins... Il suffit d'appliquer ce que les anciens nous ont transmis. Ils étaient sans nul doute plus proches que nous le sommes aujourd'hui de leur environnement et de leur monde intérieur, de la nature, de ses cycles, et de ses lois. Ils étaient Probablement plus sensibles aussi, plus à l'écoute. Pour cela au moins, les principes écologiques et le respect de la vie sont une nécessité pour l'Humain s'il veut rester en vie et évoluer sur notre planète qui saura bien d'ailleurs bien se débarrasser de lui quand « la goutte d'eau fera déborder le vase »...
« Shiatsu » veut dire «pression des doigts». Le Shiatsu est d'abord une technique corporelle et physique où s'appliquent pressions et relâchements, où s'exécutent des séries de mouvements cadencés, des étirements, des mobilisations. Ça n'est pas pour autant une simple application de pressions mécaniques. Certes, le shiatsu est un travail qui touche le corps, mais ce n'est que la partie la plus visible de cette pratique. Fort heureusement, il s'agit d'une discipline beaucoup plus complète, plus valorisante et au final plus puissante que cela. Conformément à la tradition orientale, en touchant le corps, on touche aussi tout ce qui lui est associé et indissociable : l'esprit et l'énergie pour ne citer qu'eux.
Il n'est pas envisageable de parler de l'être humain sans parler de l'Etre qui habite le corps humain -et qui fait de nous des Etres Humains. Il n'est pas concevable de nier l'énergie qui relie corps et esprit, que toutes les cultures ont un jour reconnue au cours de leur histoire, et que l'on appelle aussi « souffle » chez nous. L'être humain est ainsi vu comme étant triadique -composé de trois parties : le corps, le souffle, l'esprit.
La pratique du Shiatsu s'accompagne du souffle, de l'attention et de l'intention (sa part d'esprit). Il s'appuie sur l'énergie, quelle que soit la définition qu'on lui donne. Il transmet de l'information, il organise et rééquilibre.
Appliquer une pression sur le corps provoque une résonance : par les voies réflexes situées au niveau de la peau, l'interne, le psychisme, le plan inconscient qui gèrent notre vie végétative sont aussi adressés et « touchés ».
Conscient et inconscient sont donc reliés et interdépendants, tout élément affectant l'un affecte l'autre aussi.
Considérant que praticien et receveur sont deux Etres Humains, ils disposent donc tous deux de cette composante triadique -corps-esprit-souffle , et la communication, l'échange entre les deux personnes se fait au travers de ces trois composantes, que nous le voulions ou non. Et la cohérence de ces trois composantes, la cohérence de notre geste, celle de notre pensée et celle de notre souffle est essentielle.
Le Shiatsu considère l’être humain comme un tout indivisible, avec ses flux internes et ses interactions avec le monde qui l'entoure, avec sa conscience et sa capacité à décider et à être acteur de sa vie. Dans le Shiatsu, nous envisageons l'état de santé d'une personne comme le reflet de sa vie au quotidien, de ses habitudes alimentaires, comportementales, de son histoire proche ou très lointaine (...), de ses états émotionnels, de ce qui se passe autour de lui et de la façon dont il va percevoir les choses.
Lorsque praticien et receveur s'adressent l'un à l'autre au travers une technique de Shiatsu, il y a donc d'autres vecteurs que le contact physique. Nous mettons en mouvement des flux vitaux, des énergies. Nous faisons appel aux lois de la physique, qu'elles soient déjà comprises et formalisées, ou non. Ces lois que la physique quantique découvrent sont tout aussi présentes que les lois de la physique Newtonienne, elles s'appliquent qu'on le veuille ou non, qu'on en ait conscience ou pas. Et puisque en physique quantique, l'observateur n'est pas dissociable du phénomène observé, il en est de même dans la pratique du Shiatsu. Le praticien participe au rééquilibrage du receveur, et son état d'Etre est important. Les interactions entre le praticien et le receveur s'opèrent dans différentes sphères : mécaniques et physiques, physico-chimiques, électriques, vibratoires, énergétiques... même « sonores » par le biais de l'entretien.
Peu importe l'action, d'un point de vue Physique Théorique, toute action se traduit finalement sur le plan atomique et subatomique. Sur le plan quantique, il ne s'agit plus de réactions au sens classique, mais de changement d'état selon une matrice des possibles, dans lequel le praticien (l'équivalent de l’observateur dans une expérience en physique) fait partie. Dans le cadre des états au sens quantique du terme, nous, receveur et praticien, nous trouvons sur des plans qui ne sont même pas encore bien formalisés, mais que la science commence seulement à percevoir aujourd'hui.
Pour ceux qui pratiquent le Shiatsu, il y a une évidence : c'est que donner ou recevoir un shiatsu, c'est plonger au fond de soi-même, au-delà du plan mental et intellectuel, c'est approcher quelque chose d'essentiel, peut-être la conscience profonde qui anime chacun de nous.
Je vous souhaite un Shiatsu éclairé et éclairant.
Pierre-Henri THERET
© Pierre-Henri THERET
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© Gerd Altmann PX
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