Chronique : Aux origines du shiatsu, la position rampante...
Auteur : Publié le 01/02/2021 à 14h53 -MASUNAGA Shizuto fondateur du Iokai Shiatsu Senta et du Keiraku shiatsu, le célèbre Zen Shiatsu répétait "Ne pensez pas à faire du shiatsu du bout des doigts : le secret de cet art est d'imaginer pencher les coudes". Ce Maître en médecine orientale insitait sur le fait qu'on ne pouvait pas comprendre le shiatsu sans véritablement connaître et apprécier la culture japonaise. L'élaboration très lente de la méthode manuelle nippone a permis l'intégration de certains mouvements clé majeurs comme la bonne façon de ramper, le Nijiri. Alors est-ce qu'un non japonais peut assimiler le shiatsu issu de la médecine orientale ?
Les origines du shiatsu
Pour savoir d'où vient le shiatsu, il ne suffit pas de s'intéresser à l'histoire de la médecine chinoise.
Embrasser le shiatsu c'est d'abord penser la culture japonaise, ses mœurs, sa sociologie, sa philosophie, son histoire.
Les positions, les postures, les déplacements, les techniques modernes du shiatsu sont clairement issus de branches diverses, subtiles et complexes allant de la médecine antique aux arts martiaux en passant par la religion jusqu'à la cérémonie du thé et même l'architecture japonaise !
Connaissez-vous Nijiri-guchi ?
Des kanji 躍口 Nijiri guchi est une petite entrée que l'on retrouve dans les maisons de thé dont la taille fait approximativement 60cm x 60cm (environ 2feet par 2feet).
La toute petite taille de ces portes oblige ainsi les invités à se plier et à se courber avant d’entrer.
La cérémonie traditionnelle du thé japonaise ou sadô 茶道 partage sans surprise des aspects communs avec le shiatsu car les deux appartiennent d'abord à la même culture japonaise.
L'art de boire du thé et l'art de faire des appuis sont tous deux des arts traditionnels japonais.
Des mouvements au sol utilisés dans le shiatsu proviennent directement des déplacements utilisés dans le sadô.
On appelle cela en anglais crawling c'est-à-dire ramper.
Savoir ramper améliore son shiatsu...
La cérémonie de thé suit un protocole très élaboré.
Quatre principes composent le déroulement du sadô :
- wa ou l'harmonie entre les objets (décor),
- kei ou le respect des objets (valeur),
- sei ou la pureté des formes et des gestes,
- jaku ou la sérénité (atmosphère de la pièce)
Chronologiquement, les invités saluent en dehors du pavillon de thé puis y pénètrent par la porte basse.
Ainsi afin de pouvoir entrer entièrement dans la pièce, l'invité doit s'agenouiller, prendre appui sur ses pouces et ses phalanges repliées, puis avancer en faisant glisser ses genoux vers l'avant.
Ce mouvement appelé nijiru est à l’origine du terme nijiri guchi.
Guchi faisant référence à la porte et au mot bouche kuchi.
Ces façons de procéder sont signe d'humilité ; valeur humaine centrale dans la culture japonaise.
Il existe parfois dans certaines maisons de thé une entrée optionnelle qui s'appelle Kinin guchi en kanji 貴人口 littéralement population noble. Celle-ci plus grande était prévue pour les nobles leur permettant ainsi d’entrer sans se baisser.
Quelle est son application dans le shiatsu ?
Le shiatsu utilise de nombreuses positions et divers déplacements notamment au sol.
Lire l'article les positions dans le shiatsu 座り方
Ainsi, l'esprit nijiri est la manière de réaliser des appuis sur un receveur et la façon de se mouvoir autour de ce même receveur.
Par exemple, lorsque le donneur prend appui sur le receveur et pense exercer une pression trop forte sur son corps, il lui suffit de rapprocher ses genoux légèrement des mains.
La distance posturale entre les genoux et les mains est primordiale pour réaliser des pressions de qualité.
Si les genoux sont plutôt éloignés du corps du receveur, la pression exercée n'est pas assez forte.
Si les genoux sont trop éloignés alors la pression sur les bras du receveur est trop forte.
Tout l'art du shiatsu consiste alors pour le donneur de trouver l'équilibre en termes de distance entre ses genoux et ses mains.
Au-delà d'un art du toucher le shiatsu est l'authentique art des appuis.
Et le nijiri est là pour nous rappeler de ces subtilités et spécifités japonaises. Telles les postures comme Seiza, les mouvements sont indissociables d'une position correcte et stable.
En savoir plus sur la posture Seiza
On parle ici de fournir une pression de maintien.
Dans ces déplacements particuliers, le donneur doit bouger une seule main à la fois comme lorsque l'on marche debout en avançant un pied après l'autre. C'est un concept essentiel dans le shiatsu.
En découlent aussi des techniques singulières de la méthode manuelle japonaise comme le "bec de perroquet" ou nighiri-te utilisées dans le shiatsu Masunaga ou le shiatsu Nakazono par exemple.
Ces appuis doivent amener à des pressions denses et stables notamment avec les pouces et les phalanges médianes.
Des pressions plus douces peuvent également être exercées avec les paumes des mains.
©Banzaï 万歳
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