Kinketsu, les points interdits de la médecine orientale

Te-ate signifie en japonais "Appuyer avec les mains". Au-delà du concept, le Te-ate constitue les bases du shiatsu ses origines mêmes. C'est le traitement avec les mains qui englobe la vision holistique du corps humain propre à la médecine orientale. Te-ate a pour sens la stimulation énergétique et couramment utilisé par les praticiens en anma, en ampuku et bien entendu en shiatsu. Ces derniers pressant sur des points situés sur l'ensemble du corps. Mais quels sont ces points et peut-on vraiment appuyer n'importe où ?

Dans le cursus classique d'un étudiant en médecine orientale, l'apprentissage des points situés sur l'ensemble du corps humain est incontournable. Des points qui lorsqu'ils sont stimulés d'une certaine manière apportent divers effets à la personne qui les reçoit. 

Des effets plus ou moins durables.

Des effets plus ou moins pertinents et adaptés.

Car il y a des points amenant de la détente, du soulagement, du relâchement et d'autres du "stress", de la tension, de la crispation ; les pressions et les stimulations à moduler et à personnaliser selon le receveur : âge, tempérament, physiologie, symptôme, etc.

Ces points sont les fameux tsubos.

Tsubo :

Tsubo s'écrit en hiragana つぼ et veut dire littéralement pot, vase.

Son kanji actuel est 壺 ou 壷.

Selon les concepts antiques de l'Orient, les tsubos sont traduits comme des vases contenant quelque chose de précieux. 

Un vase ou un pot contenant des liquides précieux ? Quels liquides ? A priori, les liquides nécessaires à la vie ? L'eau, le sang et l'énergie sans aucun doute...

Car Tsubo signifie point vital. 

On peut dire simplement qu'ils sont des points d'acupuncture situés sur la peau, et qu'ils sont majoritairement placés sur des trajets appelés méridien. 

Les anciens textes indiquent que le soin passe par l'ouverture des tsubos permettant ainsi la bonne circulation des fluides corporels comme le sang et les liquides corporels associés à l'eau : larmes, sueur, etc.

L'OMS admet que dans la médecine traditionnelle d'Orient plus communément appelée médecine orientale, les flux corporels circulent dans ces canaux ou méridiens.

D'ailleurs, une liste de points tsubos est classifiée. C'est à travers eux que le sang, l'eau (liquides) et l'énergie entrent et sortent ; et les méridiens fusionnent et se ramifient.

Chaque tsubo est reconnaissable par tout praticien professionnel en shiatsu, acupuncture et moxibustion car il forme notamment une fine dépression. 

Mais certains points ont des propriétés très singulières c'est pourquoi ils doivent être parfaitement connus par tout professionnel exerçant.

Parmi les familles de tsubos :

• 元気のツボ ou genki tsubo c'est-à-dire les points vitaux ou sains,
• ひど の つぼ ou hido tsubo c'est-à-dire les points cachés,
• 禁穴 ou kinketsu les points interdits.

Qui sont donc ces curieux kinketsu ?

Kinketsu :

Kinketsu des kanji 禁穴 littéralement trou interdit.  

En fait, Kinketsu sont des tsubos. Mais ils représentent les points tsubos interdits sur lesquels certaines pressions ou stimulations ne doivent jamais être appliquées à cause de leurs effets secondaires possibles ou des risques de dommage potentiels parfois graves.

Même si leur effet physiologique n'est pas forcément démontré et accepté par la médecine moderne ou les professionnels du shiatsu eux-mêmes ces points restent intriguants.

Kinketsu sont des points bien connus dans les arts martiaux (Kyusho, Karaté, Shorinji Kempo, etc.) car leur atteinte permet l'immobilisation, la blessure voire dans certains cas extrêmes la mort de l'adversaire.

En lire plus sur l'art martial Kyusho

Kinketsu est surtout une notion inextricable du Keiraku Shiatsu et du Tsubo Shiatsu c'est-à-dire les shiatsu reposant sur la médecine orientale et ses nombreux concepts issus majoritairement de la Chine antique.

Grand nombre de Maîtres Japonais considérant d'ailleurs que le "vrai" Shiatsu est par nature un Keiraku Shiatsu car indissociable de la culture nippone d'une part et de l'héritage de notions traditionnelles autour des flux d'énergie notamment Ki et Ketsu d'autre part.

Masunaga Shizuto Sensei expliquait ainsi qu'il serait absurde d'essayer de comprendre le shiatsu avec l'approche et les notions théoriques de la médecine occidentale. L'essence du shiatsu est de traiter les méridiens. A travers les pressions et les appuis, les flux énergie, les fluides corporels sang, les liquides lymphe sont "rééquilibrés".

Ajoutant que le shiatsu est un art de santé et de soins par le toucher et qu'il fallait aujourd'hui accepter que le shiatsu existe depuis les tout débuts de l'humanité !

En lire plus sur Masunaga Shizuto

Quels sont les Kinketsu ?

Les textes anciens indiquent que certains points ne sont pas recommandés par les pressions (shiatsu) et les aiguilles (acupuncture). 

Il existe beaucoup de kinketsu à connaître selon les catégories de receveur : âge, symptôme, anatomie, typologie population, etc.

Parmi les populations où la vigilance est de rigueur, celle des femmes enceintes tout particulièrement à partir du 6ème mois de grossesse. 

Les kinketsu sont ici les points :

• de l'épaule supérieure, 
• le 21ème point du méridien Vésicule Biliaire, 
• le 36ème point du méridien Estomac, 
• le 4ème point du méridien Gros Intestin, 
• les points du 1er au 6ème du méridien Rate
• les points du méridien Vessie notamment du 60ème au 67ème.

Les kinketsu sont en réalité nombreux et vont bien au delà des points dits "avortifs". D'ailleurs, les traitements apportés pour des personnes plus sensibles ou plus fragiles doivent être personnalisés. 

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