Entrevue avec Charlotte Novak, Praticienne shiatsu à Mulhouse

Antoine Di Novi, Fondateur et Rédacteur en Chef de https://www.shiatsu-france.com, a interviewé en 2019 Charlotte Novak praticienne en shiatsu installée à Mulhouse. L'entretien s'est déroulé assis confortablement sur des tatamis dans le chashitsu (salle de cérémonie du thé) d'un ryokan (hotel traditionnel japonais) dans le quartier de Yushima à Tokyo.

Entretien avec Charlotte NOVAK

Antoine Di Novi : Charlotte Novak bonjour, merci d'accorder une entrevue à Shiatsu-France.com

Charlotte Novak : Bonjour Antoine.

ADN : Nous sommes actuellement en stage au Japon, l'idée est de partager ton expérience sur le shiatsu. Est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots ?

CN : Oui, je suis praticienne en shiatsu à Mulhouse en Alsace où j'ai mon cabinet depuis 6 ans maintenant. Au départ j'habitais à Tours lorsque je me suis formée au shiatsu à l'école Angevine de shiatsu rattachée à la FFST. Ensuite, j'ai passé l'examen de la FFST avec le mémoire et la soutenance du mémoire. J'ai continué à faire des formations quelques week-ends et des sessions de 4-5 jours sur Paris en lien avec la FFST. Comme le shiatsu des 5 éléments avec Philippe Ronce ou orientée dans l'acupuncture.

ADN : Très bien donc pas mal de formations. Tu es installée à Mulhouse, est-ce que tu peux nous parler de Mulhouse ? Est-ce qu'il y a beaucoup de praticiens ?

CN : Il y a assez peu de praticiens finalement contrairement à Tours où la ville étant proche de Paris, il n'était pas facile de se faire un nom. Quand je suis arrivée à Mulhouse c'était plutôt le contraire, le shiatsu ce n'était pas très connu et il a fallu que je fasse une démarche de communication pour expliquer ce qu'est le shiatsu... pour autant il y a beaucoup de techniques telles le Qi Gong, Tai Chi, et, un dojo pas loin de mon cabinet.

ADN : Intéressant... Est-ce que tu as une clientèle particulière ?

CN : J'ai une clientèle très régulière, assez variée et je travaille aussi avec les femmes enceintes puisque je me suis entre autre formée en shiatsu grossesse avec Suzanne Yates qui vient régulièrement à Paris pour présenter ses différents modules. Il s'est avéré que j'ai eu rapidement dans mon cabinet des femmes enceintes.

ADN : C'est vrai que Suzanne Yates est l'une des personnalités de référence dans le traitement shiatsu des femmes enceintes. D'ailleurs à propos des femmes enceintes c'est un sujet très intéressant effectivement. En France, grand nombre de praticiens et d'enseignants participent au fait que ce sujet soit "sensible" voire tabou. On aimerait bien avoir ton avis. Est-ce que le shiatsu est vraiment adapté aux femmes enceintes ?

CN : De par mon expérience je peux constater que le gros avantage du shiatsu sur les femmes enceintes c'est avant tout et surtout une certaine prise de conscience du corps et du coup une écoute du corps. Plus que tout et c'est cela qui est intéressant, cela les amènent dans une relation nouvelle et finalement au moment de l'accouchement elles abordent la douleur et les contractions de façon bien différente ; cela leur permet de mieux appréhender cette douleur qui arrive, de la sentir assez rapidement pour pouvoir être dans la respiration... Lorsque je mets en place un suivi grossesse, je vois mes patientes une fois toutes les 3 semaines à peu près dès le début de la grossesse, les femmes sont relâchées, détendues et on le voit lors des naissances des bébés. Les bébés shiatsu sont très, très détendus et cela surprend toujours à la maternité...

ADN : Est-ce que tu travailles avec le corps médical, des sages-femmes, des obstétriciennes, des médecins ?

CN : Vu le retour positif des patientes, j'ai eu des demandes de sages-femmes et de gynécologues qui m'envoient des patientes car ils se rendent compte que les patientes sont plus détendues. C'est vrai qu'on les voit régulièrement, cela permet d'anticiper le symptôme quand il arrive, une douleur au dos, des nausées, en traitant tout de suite le symptôme... La grossesse est donc plus agréable, la future maman est plus détendue et nécessairement le bébé va être plus détendu aussi.

ADN : On a vraiment un effet détente sur la maman ?

CN : Oui, oui, vraiment un effet détente. Et puis on prend le temps de discuter ensemble de ce choix d'accouchement. Est-ce qu'elles veulent accoucher par voie basse, péridurale / pas péridurale, salle nature / pas salle nature. Suivant le choix, on n'aborde pas le shiatsu de la même façon... Le 9ème mois je demande au papa de venir ; en début de séance je fais un shiatsu à la maman et durant la 2ème partie je montre au papa un enchaînement de gestes, de points, de pressions, de mouvements qu'il peut effectuer sur sa compagne afin de la soulager comme sur la zone des trapèzes par exemple...

ADN : Donc on peut faire du shiatsu à la maman et au papa ?

CN : Oui des fois il y a des papas qui viennent faire un suivi shiatsu et cela leur fait du bien. C'est même souvent les mamans qui me les envoient.

ADN : Et concernant la pratique en elle-même est-ce qu'il y a des précautions à prendre ou des contraintes fortes ? Des choses à ne surtout pas faire ?

CN : Oui. Essentiellement au niveau des 3 premiers mois, il faut être vigilant parce que mine de rien il y a quelques points à ne pas travailler même s'il y a discussion sur le fait vraiment que l'on puisse avoir des points avortifs juste avec les pouces par rapport aux aiguilles... Mais voilà on fait très attention, certains points, certaines zones, il y a un type de shiatsu pendant les 3 premiers mois, puis de 3 à 6 un autre type de shiatsu et de 6 à 9 encore un autre, à la fin on est sur des choses plus toniques, plus puissantes pour vraiment travailler avec beaucoup de mobilité au niveau du bassin, pour bien dégager toute la zone du Dan Tian inférieur et du Vaisseau Ceinture.

ADN : Très intéressant tout cela. Est-ce que tu as remarqué des problématiques récurrentes, des tensions dans des zones particulières : le bassin, le dos ?

CN : Oui il y a souvent des sciatiques, des grosses sciatiques parfois ; il y a rapidement une charge pondérale en avant du corps qui produit un inclinement du bassin et donne une cambrure plus importante que d'habitude. Il y a également les problèmes digestifs, les remontées acides ; le bébé en grandissant prend de plus en plus de place dans le ventre et au niveau de l'estomac c'est compliqué. 

ADN : As-tu des conseils à donner à des praticiens ou praticiennes, futurs praticiens ou futures praticiennes pour qui voudraient se diriger vers ce public de femmes enceintes ?

CN : Moi j'ai vraiment apprécié mes formations avec Suzanne Yates et je conseille d'aller travailler avec elle afin de bien se former. Ses modules sont clairs. On étudie les techniques adéquates et les positions. Comme la position en décubitus latéral qui est idéale.

ADN : Ah c'est une position favorite la position latérale ?

CN : Oui et avec le ballon aussi. La maman est à quatre pattes, l'avant du corps en appui sur le ballon ; parfait pour travailler toute la mobilité du bassin. La position est aussi utilisée pour le bébé, en faisant certains points comme 67 Vessie, et avec la gravité, la maman étant à quatre pattes, le bébé peut se retourner. Par contre, il faut vérifier qu'il y a bien eu une échographie et s'assurer qu'il n'y ait pas de cordon ombilical enroulé autour du cou ! Il y a donc des choses importantes et il faut se former.

ADN : Se former sérieusement et avoir une certaine expérience j'imagine.

CN : Oui l'expérience se fait au fur et à mesure mais je pense que lorsque l'on a à coeur de bien faire et quand on est dans la bienveillance et dans l'amour, on ne fait pas de bêtises car on reste attentif, on est à l'écoute. Cela se passe très bien et c'est agréable de travailler avec des mamans qui sont pleine d'énergie...

ADN : Une autre petite question. Tu fais du shiatsu pendant différentes périodes de la grossesse et puis après lorsque le bébé arrive, y a t-il un shiatsu post-natal ?

CN : Oui justement dans mon suivi grossesse j'inclus un dernier shiatsu où je demande à la maman de m'appeler lorsqu'elle est rentrée à la maison avec son bébé et on prend un rdv et cette fois-ci je me déplace et je lui offre cette dernière séance... Souvent les femmes "s'oublient" après la naissance de leur bébé. Des problèmes de dos avec des douleurs associées peuvent arriver quelques années après. Certains points pour aider à la lactation si ce choix est fait peuvent aussi être utilisés. Pendant la grossesse, on a eu tendance à faire descendre l'énergie alors que là après la naissance on cherche à faire remonter l'énergie... Et on travaille aussi parfois avec les bébés, s'ils régurgitent par exemple.

ADN : Ah c'est tout un programme ! Un dernier petit mot pour conclure ?

CN : Je conseille vivement à tous les praticiens, si une femme enceinte frappe à leur porte, de l'accueillir les bras ouverts car ce sera tellement bénéfique pour elle. Et pour toutes les futures mamans, qu'elles n'hésitent pas à aller voir un praticien shiatsu parce que c'est vraiment chouette et que cela leur fera du bien.

ADN : Un mot très encourageant et positif ! Je te remercie Charlotte pour cette entrevue, ce temps de partage.

CN : Je t'en prie Antoine, merci à toi.

Contacts et plus d'infos sur Charlotte NOVAK

Écouter l'interview en podcast

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