IWAOKA Hiroshi. Départ Japon : Yokohama, Kamakura. Destination France : Antibes, Paris.
Auteur : Publié le 23/07/2021 à 80h72 -Parmi les traits de caractères de la culture japonaise, les sens de l'hospitalité et de l'humilité ressortent tout de suite. Ces valeurs humaines amènent bien souvent à une forme de gentillesse ou plutôt de bienveillance dans la posture de l'enseignant appelé communément Maître ou Sensei. C'est d'autant plus fort chez les Maîtres souhaitant partager leur savoir-faire et diffuser leur connaissance autour des traditions nippones. IWAOKA Hiroshi, fondateur du shiatsu myo-énergétique, fait clairement partie de ces homme adorable et sincère. Pour moi, c'est tellement agréable de m'entretenir avec des hommes et des femmes japonaises, et ce qu'ils vivent en France ou au Japon.
Entretien avec Hiroshi IWAOKA
Antoine DI NOVI : Hiroshi IWAOKA bonjour, hajimemashite (enchanté)
Hiroshi IWAOKA : Hajimemashite, Antoine.
ADN : Merci de nous accorder une entrevue pour le réseau et média Shiatsu France
Pour commencer, pouvez-vous vous nous rappeler où vous êtes né ?
HI : Je viens du Japon. Je suis né à Yokohama en 1955.
ADN : Et depuis quand vivez-vous en France ?
HI : Je suis arrivé en France pour la première fois en 1977, quand j’avais 22 ans, pour apprendre le français.
Je suis venu de nouveau pour m’installer en France comme praticien d’acupuncture en 1985. Je n’ai pas pu concrétiser ce projet, car la loi française demande d’être diplomé de médecine pour exercer l’acupuncture. Neuf mois plus tard, je suis retourné au Japon. Puis, j’ai ouvert un cabinet d’acupuncture à Kamakura où je suis resté 15 ans.
La troisième fois que je suis venu en France c'était en 1999. La ville que j’ai choisi était Antibes cecu afin de jouir pleinement de ma vie dans le sud de la France. J’ai ouvert une école de shiatsu avec un français à Antibes et j’ai travaillé pendant 5 ans. Je suis « monté » à Paris en 2005 et j’ai ouvert une école myo-énergétique en 2007 avec l’aide de la Fédération Française de Shiatsu Traditionnel.
ADN : Vous avez donc découvert le shiatsu au Japon ou en France ? Est-ce que vous avez étudié avec des maîtres japonais ?
HI : J’ai échoué au concours pour entrer dans l’université que je voulais. Puis, j’ai décidé imprudemment d’aller en Anglettere pour apprendre l’anglais. Pour rester deux ans en Anglettere, il me fallait une grosse somme.
Aussi, pour économiser suffisamment de l’argent, j’ai commencé à travailler dans un sauna en tant que serveur. Il y a toujours quelques praticiens de shiatsu dans les saunas au Japon. Les praticiens de shiatsu m’ont dit, « Je t’enseigne le shiatsu, alors tu me donne le shiatsu en retour ». Je n’avais pas vraiment envie, mais quand-même, j’ai bien appris le shiatsu pendant un an. C’était il y a 45 ans, quand j’avait 20 ans. Cela fait longtemps maintenant.
Je ne sais pas quel style de shiatsu que j’ai appris. Certainement pas le shiatsu Masunaga, ni le shiatsu Namikoshi. Je me souviens qu’autrefois, de bons praticiens pratiquaient la pression sur les lignes tendino-musculaires. Le shiatsu que j’ai appris au sauna, je pense que c’est l’ancien shiatsu effectué sur les lignes tendino-musculaires.
Comme vous voyez, je n’ai pas appris le shiatsu à l’école, ni avec des maîtres japonais. Je n’ai participé à aucun stage de shiatsu dans ma vie. Par contre, j’ai appris divers autres techniques comme l’acupuncture, la moxibustion, l’esthétisme, la chiropractie, le sôtai, le massage thai.
ADN : A propos de votre école de shiatsu, elle est bien située dans le 17ème arrondissement à Paris ?
HI : Le siège de l’école est chez nous dans le 17ème arrondissement à Paris. Mais, nous faisons des stages toujours à la Fédération Française de Shiatsu Traditionnel dans le 17ème arrondissement à Paris. Les tatamis sont disposés côte à côte au fond de la pièce, qui ressemble plutôt à un dojo.
ADN : Vous avez nommé le shiatsu que vous enseignez et pratiquer « myo-énergétique ». Comment le définissez-vous ?
HI : Dans la formation myo-énergétique, j’enseigne plusieurs techniques tels que le shiatsu, le shiatsu à l’huile, le sôtai, la micropuncture, le moxa direct... pour réaliser la théorie de traitement. Cela veut dire que la myo-énergétique n’est pas une technique, mais un ensemble de techniques. La myo-énergétique est une méthode thérapeutique dont l’essentiel est une théorie que j’ai découverte.
« Myo » signifie muscle en grec, « énergie » veut dire force vitale de l’organisme. La myo-énergétique décontracte les tensions musculaires qui provoquent des déformations squelettiques. Corriger ces déformations grâce à la myo-énergétique aide à restaurer et conserver la force vitale de l’organisme.
ADN : C'est très intéressant que vous parlier du shiatsu à l'huile car d'après mes recherches l'une des caratéristiques du shiatsu est qu'il n'utilise pas d'huile... Sans doute une évolution pour le public occidental ?
Par ailleurs, dans le shiatsu myo-énergétique, est-ce que l’on trouve les influences des anciennes médecines avec les tsubos, les keirakus (méridiens) ? Ou repose-t-il plutôt sur l’anatomie et la médecine physiologique avec les notions musculaires, tendineuses, squelettiques etc.. ?
HI : Le shiatsu myo-énergétique se pratique sur les lignes tendino-musculaires pour rétablir l’équilibre squelettique. Ici, je voudrais vous explique la théorie essentielle de la myo-énergétique :
La colonne vertébrale possède un groupe de muscles profonds, capable de la soutenir et de maintenir un alignement harmonieux des vertèbres. Dans ce groupe de muscles profonds, on peut toucher et facilement identifier une ligne musculaire de part et d’autre de la colonne vertébrale qui relie le crâne au sacrum. Je l’appelle « ligne vertébrale ».
Les muscles dorsaux s’attachent à la colonne vertébrale et au bassin et croisent la ligne vertébrale. La ligne vertébrale et les muscles dorsaux sont indissociables. Si les muscles dorsaux se contractent, la ligne vertébrale se contracte également. De même, si la tension de la ligne vertébrale se détend, la tension des muscles dorsaux se détend également.
La myo-énergétique détend toute tension de la ligne vertébrale pour détendre toute tension des muscles dorsaux, ce qui corrige d’abord la déviation de la colonne vertébrale, du bassin et du crâne, ensuite le décalage des articulation sur les membres supérieurs et inférieurs. Par conséquent, la plupart des douleurs articulaires et musculaires disparaissent.
De plus, les désordres des organes internes réagissent sur la ligne vertébrale : par exemple, les problèmes du coeur provoque, par les nerfs autonomes, une tension élevée de la ligne vertébrale gauche entre la 4e et la 7e vertèbre dorsale. Les problèmes du foie et de la vésicule biliaire provoquent une tension élevée de la ligne vertébrale droite entre la 7e et la 11e vertèbre dorsale. Si on détend ces tensions, on peut efficacement améliorer le fonctionnement du coeur, du foie et de la vésicule biliaire.
La ligne vertébrale peut se contracter ou se décontracter comme le tissu musculaire. Elle peut aussi être enflammée comme un tendon et elle se contracte de plus en plus avec l’âge - elle disparaît complètement, comme la tension musculaire, lorsque le corps est mort. La myo-énergétique reconnaît que le concept de la ligne vertébrale n'existe pas dans l’anatomie humaine.
ADN : Est-ce que vous pratiquez d’autres méthodes manuelles que le shiatsu ou d’autres techniques de la médecine traditionnelle japonaise.
HI : Comme je vous l'ai dit, dans la formation myo-énergétique, j’enseigne plusieurs techniques tels que le shiatsu, le shiatsu à l’huile, le sôtai, la micropuncture, le moxa direct... Par contre, je pratique l’acupuncture au cabinet la plupart du temps.
ADN : Vous avez écrit des livres comme « LA FORCE DE L'EQUILIBRE CORPOREL » et « MYO-ENERGETIQUE » respectivement en 2016 et en 2007. Pourriez-vous nous en dire en plus ? A quel public s’adresse vos ouvrages et où peut-on les trouver ?
HI : Je suis venu en France en 1999. J’ai commencé à enseigner le shiatsu à partir de 2000. En donnant des cours et en rédigeant des textes, j’ai découvert les techniques et les théories. Ainsi, la Myo-Energétique est née en France.
Et, mon premier livre « MYO-ENERGETIQUE » est sorti en 2007. Dans ce livre, vous trouvez la méthode myo-énergétique (théorie, diagnostic, technique). Comme la technique, j’ai présenté Shiatsu, Acupuncture, Moxibustion et Sôtai. Puis, la méthode a évolué, particulièrement la théorie et le diagnostic. Alors, ‘La force de l’ équilibre corporel’ est sorti en 2016. Dans ce livre ; vous trouvez le shiatsu et la micropuncture comme la tecnique.
Ces deux livres sont destinée aux praticiens en shiatsu, masseurs, ostéopathes, acupuncteurs, kinésithérapeutes, médecins, etc, ainsi qu’aux personnes qui souffrent de troubles musculosquelettiques, troubles des organes internes, d’insomnie, de dépression... Vous les trouvez chez Guy trédaniel éditeur ou dans Amazon.
Et d’après l’éditeur, mon troisième livre « SOTAI THERAPIE » sortira au printemps 2021. Vous le trouverez à la Fnac.
ADN : Très bien merci pour cette information.
Au vue de votre expérience, quelles sont pour vous les principales différences entre les populations française et japonaise. Au niveau de l’anatomie, du tempérament par exemple ; en clair, pratiquez-vous des techniques de shiatsu différentes sur un receveur occidental ou un receveur nippon ?
HI : J’ai 40 ans d’expérience thérapeutique, 20 ans au Japon et 20 ans en France. Je peux dire que, en principe, les patients japonais sont plutôt réservés. Ils parlent peu. Par contre, les patients français sont plutôt ouverts, émotionnels et ils bavardent bien.
ADN : [rires] oui c'est un sujet récurrent dans les entretiens que nous publions avec les personnes qui connaissent bien les deux cultures. Une différence majeure !
HI : Au niveau de l’anatomie, je ne trouve pas la différence entre les japonais et les français. Et au niveau du tempérament, il y a beaucoup de femmes japonaises qui sont frileuses.
En shiatsu, je pratique la pression différemment selon la résistance des lignes tendino-musculaires pour supprimer les symptomes des patients. Je ne pratique pas la pression différemment selon les nationalités différentes.
ADN : Auriez-vous un conseil particulier pour nos étudiants en shiatsu ?
HI : Chaque praticien souhaite améliorer sa technique. A chaque fois que vous pratiquez une séance, vous révisez ce que vous avez fait après la séance. Cela améliore progressivement votre technique.
Par exemple, vous avez traité la douleur du genou droit. La douleur a diminué 50% et le patient est content. Puis, vous révisez votre séance : « Pourquoi la douleur n’a pas disparu complètement ? Si je travalle plus dans la partie sacrée à droite et que la déviation du bassin est plus corrigée, peut-être la douleur disparaîtrait complètement ».
ADN : Hiroshi Iwaoka, je vous remercie vivement pour cette entrevue très intéressante. Arigatogozaimashita (merci beaucoup). Matane(à bienôt).
HI : Arigatogozaimashita (un grand merci à vous). Matane.
Pour en savoir plus sur Hiroshi Iwaoka :
Qu'est-ce que le shiatsu myo-énergétique ? - Hiroshi Iwaoka (shiatsu-france.com)
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