Interview de Guy Pham Van Huyen, Membre du Collège des Anciens
Auteur : Publié le 06/11/2019 à 14h50 -En ce début de mois de novembre 2019, j'ai le grand plaisir de partager mon entrevue avec l'une des grandes personnalités françaises du shiatsu, un membre du collège des Anciens. Avec son parcours de vie à la fois riche et singulier naviguant entre des pays comme la France, le Congo et le Japon, Guy Pham Van Huyen a alterné entre pratique du judo et du shiatsu. Dans cet interview, Guy Pham Van Huyen dévoile ses expériences uniques et sa vision honorable du shiatsu.
Entretien avec Guy Pham Van Huyen
Antoine Di Novi : Guy Pham Van Huyen bonjour,
Guy Pham Van Huyen : Bonjour,
ADN : Merci de nous accorder une interview sur Shiatsu-France.com
Pouvez-vous nous confier les grandes étapes de votre parcours ? Comment êtes-vous arrivé à faire du shiatsu ?
GPVH : J’ai un parcours atypique. Un peu « particulier ». D’abord, j’ai une carrière de judoka commençant dans les années 60 ; depuis que je suis môme en fait. Une pratique que j’ai mené jusqu’au bout. Mon chemin dans le shiatsu a été comme la continuité de ce premier parcours martial. Car le judo a été ma colonne vertébrale. Bon, je vais vous dire en fait ; en ce moment je suis en train d’écrire un bouquin sur mon parcours qui va s’appeler, heu. Je pense, même si le titre a changé plein de fois… « Shiatsu, récit d’une vocation ». Vraisemblablement, car j’en arrive là mais je vais peut-être encore le changer [rires]. Et pour tout vous dire, c’est en écrivant mon parcours que j’ai pris conscience que cette Voie-là, j’ai commencé à l’entreprendre à l’âge de 10 ans ; et je ne l’ai jamais lâché. Alors certes quand on a 10 ans c’est difficile de mentaliser l’idée d’une Voie ! Mais en fait réellement si. A l’époque j’habitais en Afrique. Mon père était prof. Il était vietnamien. J’ai commencé à faire du judo.
ADN : Dans quel pays en Afrique ?
GPVH : Au Congo Brazzaville
ADN : Ah vous êtes né au Congo ?
GPVH : Non, non, je suis né à Paris. J’ai quitté la France à l’âge de 5 ans. Avec mes parents on a vécu pendant 4 ans au Maroc. Puis ensuite nous avons vécu au Congo. J’ai d’ailleurs vécu toute mon adolescence au Congo. N’est-ce pas un parcours atypique… Après le secondaire, je suis revenu en France comme tous les jeunes. Je n’ai pas fait grand-chose excepté du judo. Je suis resté en France. Et en 1972, j’ai effectué mon service militaire (et oui à l’époque on faisait le service militaire)... Je vous raconte presque mon bouquin là ! [rires]
ADN : [rires] C’est un teasing…
GPVH : Puis, après mon service militaire, j’ai eu des envies d’aventure et de retour en Afrique. Et avec des copains on a traversé le Sahara en combi Volkswagen, c’était l’époque des envies de liberté post soixante-huit ! Et je suis revenu au Congo à la fin. Je souhaitais faire une surprise à mes parents. A l’époque il n’y avait pas WhatsApp ! Cela faisait au moins 6 mois que je n’avais pas communiqué avec mes parents. Puis un jour j’ai poussé la porte de la maison de mes parents, à Brazzaville, en espérant leur faire une belle surprise ; et bien en fait la surprise fut dans l’autre sens. Une « mauvaise » surprise pour moi. Car mon père avait un cancer et il devait se faire opérer 2 jours plus tard… 2 jours seulement après mon retour ! Donc cela fut un gros choc évidemment. A partir de là j’ai habité au Congo pendant 3 ans alors que je ne me destinais pas à rester sur place. Et c’est à ce moment-là ; lors de cette période, que je fais le lien avec le shiatsu. J’en prends d’ailleurs conscience maintenant. J’ai massé mon père. Je l’ai massé énormément ; il pesait 36 kg, il avait des crampes. Il avait vraiment besoin que quelqu’un le soulage, que je le soulage en fait. Chose que j’ai fait avec beaucoup d’attention. Surtout, c’était une façon pour moi de reconquérir son estime et l’image qu’il avait toujours eu de moi. C’était un homme intellectuel, très dur, qui était venu en France par ses propres moyens dans les années 1920 et qui avait gagné ce qu’il était par sa propre force, avec un esprit d’une autre époque. Et moi, il m’avait toujours considéré comme une « mauviette » voilà...Et le fait de pouvoir le soulager, le masser alors qu’il perdait doucement ses forces. C’était la première fois de notre vie que nous pouvions nous rapprocher. Vous voyez ? Par ce contact que nous avons eu ensemble ; ce contact silencieux, du travail des mains, de sa nécessité d’avoir besoin de moi. Je l’ai senti sans que cela soit exprimé. Enfin, il me reconnaissait. Vous voyez ?
ADN : Hum… Je comprends.
GPVH : Donc une époque assez…cela été un moment charnière. Cela m’a aidé. Je pense que tout enfant, jeune, a besoin de la reconnaissance de son père.
ADN : Oui c’est sûr.
GPVH : C’est une parenthèse qui a une grande importance dans mon parcours. Heu. Avec le judo c’était pareil. Faire du judo c’était une façon de lui montrer que j’étais un homme et pas une mauviette. Je vous passe les risques que j’ai pris gamin pour m’affirmer à ses yeux. Et c’est pour cela que j’ai été attiré par le judo qui était un sport de combat. Et puis c’est comme cela 1 an ou 2 après sa mort heu… A Brazzaville il y avait le temple d’une une mission japonaise avec un dispensaire se nommant Tenrikyo. Moi je connaissais Tenri mais pas Tenrikyo. En fait c’était une « église satellite » de l’église mère située au Japon. A l’époque le Tenrikyo développait son aura à l’étranger qui représentait une vitrine pour les Japonais, une sorte de propagande, de la religion avec comme moyens de pénétration, le judo et la médecine, etc. Ils n’avaient pas la volonté de convertir les gens en Afrique, en Amérique du Sud ou encore en France, car dans les années 80 ils étaient très implantés en France ; encore aujourd’hui. Ils ont beaucoup de relations avec la Fédération Française de Judo. Et Tenri (la grande université japonaise de judo) a toujours été un pôle d’attraction pour les Judokas français. A l’époque, ils avaient envoyé un entraîneur national car les Congolais se préparaient aux championnats d’Afrique. Et moi j’étais complétement fondu de Judo. C’était ma vie à l’époque. J’avais 23, 24, 25 ans… Jusqu’à l’âge de 26 ans environ je ne faisais que ça !
ADN : Ah oui ?
GPVH : Heu. Les japonais avaient un regard très distant. Mais ils voulaient me sélectionner pour faire ces jeux africains pour le Congo
ADN : Ah quand même !
GPVH : Mais ce n’était pas possible, c’était comme un rêve. Alors c’est de cette façon que j’ai décidé de partir au Japon. C’était mon rêve d’enfance qui se réalisait. Aller pratiquer le judo à la « source ». Et je suis allé vivre 1 an au Japon en 1977.
ADN : Cool. En 1977…et où au Japon ?
GPVH : A l’université de Tenri, vous connaissez ? Elle fait partie des très grandes universités de Judo au Japon, l’un des haut-lieu du Judo au Japon.
ADN : Oui avec le Kodokan je pense.
GPVH : Historiquement c’est avec Tenri que les Judokas français ont commencé à avoir des contacts au Japon.
ADN : Ok. Donc là vous avez vécu et fait du Judo avec les japonais pendant 1 année ?
GPVH : Oui je n’ai fait que çà…
ADN : Et c’est avec des maîtres en Judo que vous avez découvert les foulages digitaux et pratiqué le shiatsu ?
GPVH : Alors pas du tout, pas du tout… C’était d’une manière très simple et locale. Le milieu était très traditionnel. Il y avait toujours des gens qui faisaient du shiatsu, du kuatsu ; comme des rebouteux qui étaient là pour soulager ceux qui en avaient besoin. En plus, je vivais dans un contexte particulier car je logeais sur place. Ma « piaule » était au-dessus du dojo du lycée de Tenri ou j’habitais.
ADN : Excellent.
GPVH : Ce lycée était le vivier le plus important de pratiquants pour rentrer à l’université. Ils avaient été pendant 2 années consécutives Champions du Japon des lycées.
ADN : Hum…
GPVH : Quand l’équipe de France junior était venue en stage nous rendre visite, on leur avait mis 7 à 0 !
ADN : Ah bon ?
GPVH : Oui, oui, oui. Ils étaient très forts ! Vraiment très très forts ! Beaucoup de très grands champions en sont issu. Donc je vivais là et il y avait un petit monsieur qui était le mari de la dame qui faisait la cuisine, ce monsieur faisait du shiatsu…
ADN : [rires].
GPVH : Ce n’était pas son métier [rires] ; sa passion c’était son jardin de bonsaïs il s’en occupait chaque matin avant d’aller travailler. Il faisait du shiatsu le soir quand il rentrait. Les gamins allaient le voir, il les « manipulaient » pour les bobos qu’ils se faisaient à l’entrainement. Donc moi, qui étais déjà un « vieux », j’avais 10 ans de plus que ces jeunes judokas [rires]. . J’en avais vraiment besoin. Je me demandais tous les matins comment j’allais pouvoir m’entraîner, je me levais et prenais les choses comme elles venaient. Mon truc c’était le judo ; je ne voyais pas le shiatsu d’une façon professionnelle. Pour moi il faisait partie d’un ensemble, dans un contexte indissociable. Et c’est longtemps après quand je suis revenu en France et que j’ai commencé à me poser des questions et à devoir ralentir le judo. J’avais déjà 45 ans à peu près. Entre temps j’avais eu des accidents cardio-vasculaires
ADN : Ah ?
GPVH : Puis le judo s’est arrêté naturellement. Et tout d’un coup, le shiatsu m’est apparu comme une évidence, quand je l’ai recroisé. Je ne sais pas comment vous dire... Heu. Evident car de toute façon je ne pourrais plus faire de judo comme avant. Evident car cela correspondait à une étape de ma vie. A chaque âge on passe une étape ; avec l’énergie qui correspond à ce dont on a besoin. Je me suis souvent dit que je me suis cassé les os dans ma première partie de vie et que maintenant dans ma deuxième partie de vie j’allais réparer ceux des autres.
ADN : Bien sûr. C’est une image parlante [rires].
GPVH : Ce qui est primordial c’est le ressenti. C’est vrai je le ressens ainsi. J’ai tellement subi de blessures, de ressentis dans mon corps à travers l’excès physique. Je perçois très bien mon corps. J’ai une sensation, une acuité à ressentir les choses. Les gens viennent d’ailleurs me voir pour le ressenti que je peux avoir. Vous voyez ?
ADN : Oui. L’approche martiale, le fait de pratiquer un art martial développe clairement l’acuité de son corps. Etant pratiquant, cela me parle. C’est vrai que la pratique d’un art martial est une vraie valeur ajoutée.
GPVH : Les gens qui n’ont pas pratiqué d’arts martiaux ne se rendent pas compte de cela. Pour moi c’est fondamental. Dans le sens où, quand je vois des slogans : le shiatsu est un métier comme un autre. D’abord, ce n’est pas un métier comme un autre, justement. Pour moi, c’est une voie. Il ne peut pas être autre chose.
ADN : Je comprends ce que vous voulez dire. Vous êtes dans l’approche spirituelle du shiatsu ?
GPVH : Oui spirituel mais pas que. Aussi réelle, concrète. C’est aussi dans la façon de l’appréhender. Heu. C’est spirituel, martial mais cela ne doit pas se détourner d’une vraie efficacité, au contraire ! Heu. Le shiatsu c’est quelque chose qui ne passe pas par le mental. Or en Occident, peut-être pour certaines choses c’est nécessaire ; pour le shiatsu en tout cas ce n’est pas primordial. Ce qui est primordial c’est le ressenti. Et le ressenti on ne l’acquiert que par la répétition. Or dans les arts martiaux ce qui vous permet de ressentir et à un moment donné être dans l’action que vous avez choisi, qui n’est pas un choix en fait, c’est la répétition. C’est-à-dire, quand vous dépassez le stade de la fatigue liée à la répétition des gestes alors ceux-ci deviennent un mouvement réflexe. Et c’est à ce moment-là que vous êtes dans ce que vous faites. C’est au-delà du mental.
ADN : Oui quand je vous écoute, j’entends la pratique à la « japonaise » dans le sens où c’est par la répétition des gestes que…
GPVH : …Oui mais en même temps je ne suis pas du tout çà. D’abord, car j’ai des origines asiatiques dont je ne mystifie pas du tout cet aspect, je suis dedans. Vous voyez ce que je veux dire ?
ADN : Oui, oui.
GPVH : Je passe mon temps quand je fais des stages à démystifier cette idée-là. Ce que je ne démystifie pas c’est la nécessité de répéter, répéter et répéter.
ADN : Oui c’est à cela que je faisais allusion.
GPVH : C’est la base. Et on n’a pas besoin de parler pour cela. Il faut juste dire : un jour tu vas ressentir cela, et quand tu vas le ressentir tu n’auras pas besoin de chercher d’explications.
ADN : C’est un sacré sujet !
GPVH : C’est un Sa – Cré sujet car en France on veut tout décortiquer, tout expliquer, et puis finalement…je ne veux pas faire de commentaires sur l’enseignement et les écoles. Mon propos n’est pas là.
ADN : L’idée est simplement de retransmettre ce que vous êtes, ce que vous souhaitez.
GPVH : Justement je suis dans la transmission quand je fais du shiatsu avec des élèves. Si jamais j’ai des élèves ! Je dis « Si jamais », car pour moi le shiatsu c’est avant tout la pratique auprès des patients avant d’avoir des élèves. Certes j’adore transmettre car je trouve cela normal. La connaissance n’existe pas s’il n’y a pas de transmission.
ADN : Oui. Et il y a peut-être des gens qui doivent justement transmettre ce savoir, cette connaissance.
GPVH : Oui. Je veux bien être comme un passeur si vous voulez. Mais surtout... Heu. La connaissance n’appartient à personne.
ADN : La connaissance est universelle ?
GPVH : Elle est universelle. Je n’ai jamais voulu avoir d’école et me prendre pour un « gourou », surtout pas. Je ne veux pas tout mélanger.
ADN : Et quand vous êtes revenu en France après votre séjour au Japon, j’aimerais bien savoir si vous avez rencontré des personnalités qui vous ont marqué ? Comment en êtes-vous réellement venu au shiatsu ?
GPVH : Alors oui, mais pas tant que çà. Je suis quelqu’un qui découvre par moi-même. Bon, j’avais déjà une expérience et un regard à travers mon vécu au Japon. J’avais déjà un jugement sur le shiatsu. Au Judo, je pratiquais du shiatsu sur mes copains qui avaient des « bobos ». J’y allais tout de suite, de manière spontanée. Mais c’était très empirique. En France, je suis « tombé » en fait sur un cours à la Maison Populaire de Montreuil. Un cours de découverte du shiatsu avec Jacques Laurent qui était une très bonne personne avec un très bon contact, ne ramenant pas les choses à lui. Humainement il me correspondait bien. Une personne ouverte et généreuse. Du coup pendant 1 année j’ai fait du shiatsu en amateur tous les mercredis avec lui. Cela m’a accroché. Je pense que si j’avais croisé une autre personne cela se serait passé différemment. Dans la foulée j’ai passé mon certificat fédéral. J’ai tout de suite pris le mode « japonais ». Je pratiquais autour de moi. Quand je vois les étudiants qui font 1 ou 2 shiatsu par semaine et qui disent : c’est pas mal. Cela me fait sauter au plafond !
ADN : [rires].
GPVH : Moi j’en faisais toutes les semaines, tout le temps, tout le temps. Tous les gens que je croisais je leur disais : allez viens je vais te faire un shiatsu. Pour m’entraîner j’ai aussi pris la revue Ovni (journal de la communauté japonaise à Paris) et j’ai contacté des japonais pour leur faire du shiatsu et en recevoir. Et là je me suis rendu compte qu’il y avait des japonais très bons mais aussi très « mauvais ». Il ne faut pas croire que, parce que le shiatsu est japonais alors, tous les japonais sont compétents !
ADN : Forcément ! Cela me fait penser aux mythes des français qui seraient des bons cuisiniers ou des chinois des bons médecins taoïstes par exemple.
GPVH : Voilà [rires] c’est ça. Petit à petit je ne veux pas le dire d’une façon péjorative ; ce n’est pas une critique mais plutôt un constat du shiatsu « mollasson » que l’on rencontre en France. Et le shiatsu c’est avec des pressions, des doigts, des paumes, coudes…etc, que l’on devrait le faire. Car c’est le sens même du mot « shiatsu », pressions avec les doigts !
ADN : Et oui.
GPVH : Ce qui me désole ce sont toutes les personnes qui font du shiatsu et qui devraient faire des pressions avec les doigts alors qu’ils ne font que poser les doigts. Et pour moi cela ne s’oppose pas aux notions de méridiens. On peut élargir le débat là-dessus. C’est une complémentarité. Mais surtout la pression des doigts et quand je dis pression des doigts ce n’est pas un terme péjoratif qui signifie appuyer comme une brute, comme un japonais sur un japonais. C’est avec le regard occidental. Car culturellement les japonais savent que cela fait « mal » ; du coup un japonais sait qu’il y a nécessité d’appuyer. Il ne demande pas si cela va ou ne va pas. C’est l’acte médical à pratiquer. C’est là où je vous dis que je ne suis pas dans la démarche martiale et rigoriste. J’amène mes patients à comprendre ce sens-là de la douleur. J’ai envie de dire : j’éduque mes patients à comprendre et à accepter.
ADN : Je trouve cela très intéressant. C’est sans doute ce travail de culture, et là on va parler de la culture française mais on pourrait s’étendre aux Européens et Américains. Ce fameux rapport au corps et le fait de toucher un corps, de prendre conscience de son corps. Effectivement nous avons un travail de pédagogie à réaliser. Malgré le travail entrepris depuis plusieurs décennies, on voit bien qu’aujourd’hui nous sommes loin des objectifs et…
GPVH : Excusez-moi je vous coupe mais je vais vous dire pourquoi on en est là aujourd’hui. C’est que le travail entrepris n’est pas le bon travail.
ADN : Ah ?
GPVH : Il n’est pas fait dans le bon sens. Enfin, il y a quelques personnes qui le font dans le bon sens. Mais dans sa reconnaissance il ne va pas dans le bon sens. Selon moi car beaucoup de gens aux « manettes » des organismes de shiatsu en France me disent : oui mais toi de toute façon tu as fait des arts martiaux et heu. Tu fais du shiatsu. C’est trop brutal. C’est trop fort. En fait ce n’est pas du tout « brutal » et les gens qui me connaissent bien savent parfaitement que je ne suis pas brutal. La plupart des pratiquants et responsables n’ont pas assimilé le sens, le caractère « pur » du shiatsu. C’est cela le problème. Il y a 80 % des gens en France qui ne font pas du shiatsu comme il faut. Car ils n’ont pas assimilé sons sens ; ils sont restés à leurs valeurs et demandent à leur receveur sur une échelle de 5 à quel niveau vous avez mal ? On en est encore là dans le shiatsu aujourd’hui.
ADN : Je suis sur cette même longueur d’ondes car c’est justement l’un des critères majeurs qui m’a motivé à créer le réseau Shiatsu France. C’est-à-dire participer à faire de la pédagogie et à redéfinir voire à définir le shiatsu.
GPVH : Quand vous êtes avec des patients en cabinet, lorsque vous les amenez à distinguer le fait que quand vous appuyez, ils ont mal ; et que c’est parce qu’ils ont mal que c’est douloureux et non parce que vous appuyez fort que c’est douloureux. Parfois je leur démontre et ils le comprennent. Parce qu’un point qui n’est pas sensible, qui n’a pas besoin d’être traité s’il n’est pas douloureux, vous appuyez d’une façon profonde il ne fait pas mal. La même pression sur un point douloureux, fera mal. Donc je les amène à cette conscience-là. J’amène à la conscience que la douleur vient d’eux-mêmes et non de celui qui pratique. Et s’il y a douleur, il y a nécessité de traiter. Donc j’essaie de sensibiliser les gens à cela. Du coup quand ils reviennent me voir parce que je les ai soulagés, ils commencent à comprendre. Je pense que beaucoup cherche à aller de plus en plus vite dans notre société. Or il n’y a que le temps qui permet d’intégrer ces notions-là. Et la vraie reconnaissance d’une discipline comme le shiatsu ne peut se faire qu’à travers les patients et non les institutions et les administrations « officielles ». Le problème est qu’il y a trop peu de praticiens efficaces. Quand les gens viennent vous voir et vous paie 50, 60 ou 80 euros ce n’est pas pour entendre un discours mystique ou spirituel. Ils viennent vous voir pour que vous les soulagiez. Et il faut que les « bons » praticiens se développent et que le public fasse la différence. Il n’y a que le temps…
ADN : Je suis en phase avec votre discours et en même temps… Oui il faut d’abord que la reconnaissance passe par les patients. Donc apprendre dans les écoles comment soulager les douleurs, comment exercer des traitements, etc. Mais à un moment donné il est nécessaire d’élever le niveau c’est incontournable. Partout dans les stages, les cours, les modules. Quand je vois que les programmes en France [ce n’était pas dans l’objet de l’interview mais j’en profite pour rebondir] qu’au bout de 500 heures on obtient un titre type RNCP ; très bien un titre c’est flatteur, gratifiant pour l’élève et rémunérateur pour l’enseignant et son organisme de formation. Et parmi ces 500 heures environ la moitié d’heures réelles de pratique et le tout réparti sur 3 ou 4 années. Alors qu’en réalité, 500 heures c’est, c’est…
GPVH : C’est ridicule !
ADN : Ridicule. Donc le reste c’est de la théorie. Et en plus on pourrait parler aussi de la théorie enseignée au lieu de parler d’abord d’anatomie, de physiologie, on nous diffuse des contenus disparates parlant de médecine traditionnelle chinoise…
GPVH : En plus la théorie, il y en a plein les livres, on peut aller la chercher soi-même.
ADN : Aussi, c’est vrai. Quand je pense aux étudiants japonais qui font les 500 heures de pratique en 1 mois parfois. Car on mentionne souvent la fourchette de 2500 à 3500 heures d’étude du shiatsu pour devenir un professionnel au Japon mais sans compter les heures de pratique les soirs, les week-ends et aussi dans les centres de soin… Bref. Pour en revenir aux écoles françaises, ce sont elles qui forment les étudiants qui vont devenir les futurs professionnels et qui vont exercer dans nos régions.
GPVH : Voilà, cela rejoint ce que je dis. Ce qu’il faut voir aussi et cela s’est aussi passé dans toutes les disciplines qui ont été d’abord jeunes puis qui se sont développées par la suite. Au départ il y avait quelques pratiquants qui ont acquis des bases rudimentaires et qui leur ont permis d’avoir un peu d’avance sur certains. Ils se sont mis à dupliquer ce qu’ils avaient appris. Quand je dis « dupliquer » c’est volontaire. Ils ont dupliqué sans grand talent j’ai envie de dire. Sans grand talent pédagogique et sans avoir de recul sur ce qu’ils enseignaient aux autres. Le shiatsu n’est pas un sport. Derrière le travail du kata, il y a aussi une résonance du corps qui implique autre chose, un travail différent. Le kata c’est comme un alphabet. Or n’ayant pas de recul sur une pratique profonde certains, depuis 30 ans et peut-être plus, enseignent le shiatsu sans une vraie pratique clinique. Vous voyez ce que je veux dire ? Leurs écoles leur ont pris tellement de temps, cela devait être sans doute plus lucratif, qu’ils ont gommé l’aspect critique du travail ; celui d’aller à la mine d’or, je l’appelle ainsi et non du charbon. Car c’est un vrai plaisir pour moi de me lever le matin, me dire que je vais traiter et rencontrer des gens, des humains ; n’oublions pas que le shiatsu est un échange humain. Ce n’est pas du tout une corvée. Tous les jours quand je me lève, aujourd’hui j’ai 67 ans, heu. C’est un plaisir. Je pourrai me dire : j’en ai marre, je vais prendre ma retraite. Mais je ne vois pas pourquoi j’arrêterai quelque chose que j’aime faire. Pour moi c’est une partie intégrante de ma vie. Et donc pour dire que ces gens-là n’ont pas le recul. Ils enseignent le shiatsu en faisant bien attention de ne pas faire mal. Moi il y a une question qui me fait bondir mais alors bondir ! L’une des questions régulières lorsque je fais des stages : ça va ? Cela ne vous fait pas mal ? Mais vous êtes le praticien et vous ne savez pas si vous faites mal ou pas ?! Et vous demandez à votre patient si ça va mais le « mec » il va partir en courant. Quoi ?! Il ne sait pas si j’ai mal ou si je n’ai pas mal. Vous voyez ce que je veux dire ?
ADN : Oui, oui…
GPVH : Et on leur enseigne cela comme ça.
ADN : Oui j’entends bien.
GPVH : Cela rejoint ce que vous dites. Il y a un manque de compétence, tout bêtement. UN vrai manque de compétence. Et je n’accuse pas les jeunes praticiens qui s’installent, car c’est comme cela qu’ils ont appris !
ADN : C’est vrai que c’est délicat de le dire. Mais en même temps, nous sommes en 2019 et il faut le dire, sinon on n’y arrivera pas…
GPVH : Je ne peux pas tout vous dire. Mais je l’ai toujours dis aux institutions et beaucoup de monde sait ce que je pense. On m’a toujours regardé comme un « extra-terrestre » car je n’entrais pas dans le cadre. Parce que quand même, depuis 20 ans pour certains, le shiatsu est une manne ! Tant mieux pour eux. Après je ne veux pas sortir du cadre mais malgré tout, qu’est-ce qu’on offre aux étudiants dans les écoles ? Parce-que c’est bien de former les gens mais on ne peut pas leur faire miroiter un métier, le miroir aux alouettes où vous allez arrêter votre travail et tout va bien se passer. Vous voyez ce que je veux dire…
ADN : Oui, il y a la vie concrète, réelle effectivement,
GPVH : La vie réelle ! C’est qu’il faut y croire, il faut être bon, il ne suffit pas d’avoir envie, il faut être capable. C’est pour cela, j’en reviens au mot dupliquer. Car j’en vois tout le temps. Il y a des gens qui font des shiatsu bien propres comme ils ont appris ; et dans les écoles c’est pareil, pour certains profs. Et puis il y a ceux qui sont des inventeurs dans le sens où ils sont capables de sortir des chemins battus et d’utiliser leur outil, leur expérience, leur ressenti, leur sensibilité pour pouvoir faire leur shiatsu en l’améliorant continuellement. Dans ce sens et depuis plusieurs années, j’anime un stage sur les émotions. Ce n’est pas japonais du tout. Et les occidentaux ne sont pas des japonais. On ne peut pas faire du shiatsu à un occidental comme à un japonais. La culture est différente. En France, nous sommes portés sur un aspect « psy » des choses. On ne peut pas l’occulter. Or dans les écoles ils ne savent pas le traiter, ils ne l’enseignent pas. On n’en parle même pas ! Mais moi cela me fait sauter au plafond ce truc-là !! Ils ne parlent pas des émotions. Le corps a une mémoire. Quand vous le touchez le corps se rappelle de ce qu’il a vécu 30 ou 40 ans auparavant. Or cela je ne l’ai jamais vu aborder dans un cours de shiatsu ou un prof parler de cela. Cela me touche directement. Et à mon petit niveau, j’essaie de sensibiliser. Et puis c’est mon truc à moi, mon dada. Je travaille comme çà. On ne peut pas le contourner c’est une richesse avec un patient. Le jour où vous faites un shiatsu et vous lui faites sortir tout cela, c’est comme une thérapie,
ADN : C’est une thérapie !
GPVH : Oui mais bon, cela le libère et son corps va mieux. Je ne vous fais pas de dessin là-dessus.
ADN : C’est ce que vous intégrez dans ce que vous appelez le Kenko Shiatsu ?
GPVH : Oh, non, pour moi j’ai pris le mot Kenko car cela avait un sens pour moi ; cela veut dire santé en japonais donc la santé par le shiatsu. Heu. Sans me prendre la tête par rapport à cela.
ADN : Vous avez parlé des personnes qui dupliquaient et des personnes qui inventaient. Et parmi les inventeurs, c’est vrai qu’il y a beaucoup de gens qui s’emploient à donner des nouveaux noms à leur shiatsu ?
GPVH : Ah non, mon but ce n’est pas cela. Ils essaient de se démarquer sur un plan marketing. J’ai envie de dire que tout bon pratiquant de shiatsu est un inventeur. On a tous, pour ceux qui ont du métier un petit truc. Parfois quand j’observe même le travail d’un débutant, il m’arriver de lui « piquer » une idée ; lui-même ne le sait peut-être pas car il n’a pas forcément l’expérience suffisante pour se rendre compte. Cela m’arrive fréquemment dans ma vie de shiatsu de prendre des petits trucs comme çà pour améliorer ma cuisine. On parlait de cuisine tout à l’heure ; rajouter une épice, jouer sur le goût…je passe mon temps à cela, j’observe. J’observe aussi par rapport à la réaction des gens. Bon, j’ai une expérience personnelle qui fait que j’améliore. En ce moment, j’ai un truc qui me plairait. Depuis quelques temps il y a un jeune ostéopathe très branché dans mon cabinet. L’idée est de lui transmettre mes connaissances et d’amener l’ostéopathie à être plus efficace. Car je pense que l’ostéopathie et le shiatsu sont très complémentaires. Le shiatsu peut être un terrain d’application avec de l’ostéopathie en arrière-plan. L’ostéopathie reste trop locale et se limite elle-même. Et le travail global du shiatsu est ce qui le rend si efficace.
ADN : Hum. Oui j’allais vous demander justement quelle était la force du shiatsu parmi les méthodes manuelles ? Et son aspect de travail sur le global en est une. Mais on a tendance à oublier que le shiatsu, celui qui est reconnu au Japon comme une médecine conventionnée, ce n’est pas tous les shiatsu loin de là ; c’est celui qui contient les techniques ostéo-articulaires. Les manœuvres qui ont des résultats (visibles) sur la physiologie. Le caractère scientifique ne pouvant être dissocié de la mesure physiologique. En France (et ailleurs), on sépare régulièrement le shiatsu dit ostéo-articulaire et le shiatsu dit énergétique. A mon avis, et ce n’est que mon avis personnel, cela n’a pas de sens.
GPVH : Voilà ! ! Et là aussi je vais vous dire pourquoi on fait cela en France. A la base, il y a une frilosité, même une peur. Parce qu’en France il y a d’abord le lobby médical, kiné, et autre, qui a fait qu’on ne peut pas se substituer à des actes médicaux, à travers des massages par exemple.
ADN : Certes ! Mais vous savez comment on appelle l’acte shiatsu au Japon : le massage médical…
GPVH : On a donc appris aux gens à surtout ne pas mélanger cela. Mais en leur apprenant à avoir peur on leur apprend tout court à ne pas pratiquer le shiatsu qu’il faut. A un moment donné quand on s’engage sur une voie, et je vais reprendre ma casquette martiale, pardonnez-moi l’expression il faut avoir les c…. d’aller jusqu’au bout. Il faut savoir où on va. Et s’engager et persister dans cette voie parce qu’on sait qu’elle est juste. Ou bien on va faire autre chose. Mon propos est un peu tranchant mais dans l’absolu c’est cela. On prend le risque d’être critiqué, de se mettre en marginalité mais de ne pas se détourner de ce qui est la réalité du shiatsu.
ADN : Effectivement les cultures japonaises et françaises sont très différentes. Les contextes et l’histoire de la médecine tellement éloignés.
GPVH : En même temps, personne ne peut nier que le corps est le corps.
ADN : Non mais par exemple en termes d’organisation et de législation. Dans un précédent article sur Shiatsu France je mentionnais qu’il y a environ 120 000 praticiens shiatsu au Japon (pour une population deux fois plus élevée qu'en France) pour à peine 1500 praticiens à temps plein en France. Je ne parle que des professionnels qui font du shiatsu tous les jours. A cela, rajoutons environ 1000 personnes qui font du shiatsu à temps partiel en plus de leur métier principal. Contre 100 000 kinésithérapeutes et plus de 30 000 ostéopathes en France ; au Japon, les kinésithérapeutes sont trois fois moins et n’exercent pas en libéral. Ils font ce qu’ils savent faire c’est-à-dire de la rééducation fonctionnelle, post-traumatique et post-chirurgical (opératoire). Parfois je rencontre des gens qui me disent être des « cartésiens », rationnels (en 2019, on en est encore au stade du shiatsu qui serait une affaire de croyances ; comme si le shiatsu était quelque chose dans laquelle il fallait croire pour que cela marche). Et clairement s’il y a bien un peuple rationnel, pragmatique et scientifique, c’est bien le peuple japonais. Effectivement il utilise ce qui marche, heu. Ce n’est sans doute pas anodin s’il y a beaucoup plus de praticiens en shiatsu que d’autres thérapeutes manuels.
GPVH : La volonté des organisations qui représentent le shiatsu est de se taire le plus petit possible en terme d’efficacité médicale, axant la compétence uniquement sur l’aspect accompagnement et prévention pour ne pas nuire aux grandes instances médicales. Ils ne veulent surtout pas du retour de bâton et « tomber » dans une sorte de pratique illégale de la médecine; comme on a pu le voir avec les acupuncteurs dans le passé, (certains ont fait de la prison pour cela), avant de se faire récupérer par l’Université. Et oui n’oublions pas que la part du gâteau est telle en France à travers la Sécurité Sociale par exemple, que l’on ne peut pas lutter. Du coup, cela créé des praticiens qui ne vont pas au bout des choses, ils finissent par s’éloigner de l’essentiel. Encore une fois il faut donner du temps au temps.
ADN : Souhaitez-vous ajouter un dernier point ?
GPVH : Ce qui me touche le plus dans le shiatsu c’est vraiment la relation avec le patient. Ce qui me touche aussi beaucoup c’est de pouvoir transmettre. Pas d’enseigner, mais de transmettre, c’est un acte gratuit. Après, que l’on soit dans un monde matériel qui nous oblige à gérer ce point, c’est une chose. Mais si je peux juste amener une petite pierre à l’édifice. Transmettre une chose en laquelle je crois. C’est très important. Je suis un artisan qui monte son mur ; je suis au pied de ce mur tous les jours. Avec mes patients c’est ainsi. Et en même temps il y a des gens qui viennent me voir depuis très longtemps. C’est ce qui me remplit. Dans ma vie, j’ai toujours fonctionné de cette manière et je n’ai jamais pu travailler sur quelque chose qui ne m’intéressait pas. Donc heu. C’est certainement un luxe, une chance que j’ai eu de pouvoir faire cela. C’était un choix, pas toujours facile, mais un choix, un moteur. C’est ce qui me rend heureux en fait.
ADN : Et par rapport à vos expériences dans les médias, je pense notamment au journal télévisé sur TF1 présenté par Claire Chazal ou à l’émission Allo Docteurs sur France 5, vous avez participé à des émissions de « prestige » sur des grands médias ?
GPVH : Bah, les gens sont venus vers moi en fait. Ils sont venus me chercher. Je n’ai pas eu une expérience très positive avec France 5, franchement c’était nul. Ils sont venus me filmer pendant 1 heure et je leur ai dit des choses comme je vous dis à vous (peut-être pas autant en fait). Je leur ai vraiment dit des choses intéressantes et ils ont coupé. L’émission en elle-même était nulle et ils n’ont pas montré ce qu’ils auraient dû montrer. Dans cette émission je m’en rappelle la seule personne intéressante était un médecin du sport. Mais les autres protagonistes, dont un kiné à qui j’aurai tordu le cou [rires], a passé son temps à descendre les médecines alternatives sans que personne ne puissent lui rendre la réplique, comme un praticien shiatsu ou un Ostéopathe, je m’en rappelle bien. Et surtout ne pas défendre les médecines alternatives ; certes ils ont fait le « minimum », celui d’en parler à la télé.
ADN : Merci beaucoup pour cet entretien. A bientôt.
GPVH : Merci. Je vous souhaite beaucoup de courage et je salue sincèrement votre action qui est pour moi une phase 2 dans l'évolution du shiatsu. Au revoir.
Mini Portrait Chinois de Guy Pham Van Huyen
Votre principal défaut ?
Vouloir absolument imposer quelque chose en laquelle je crois
Votre occupation préférée ?
Apprendre à ne rien à faire ou plutôt apprendre à « faire rien » (ce n'est pas facile)
Votre livre de chevet ?
Impossible de répondre à cette question (j’en aime trop)
Votre film préféré ?
En la circonstance :
Après la pluie de Takashi Koizumi / Akira Kurosawa
Votre jour de la semaine ?
Samedi
Votre devise ?
Arriver à me réaliser : je suis, je pense, je fais.
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