Chronique « Le shiatsu est-il endobiogénique ? »
Auteur : Publié le 01/02/2022 à 15h07 -La science médicale est complexe. L'épisode du Covid nous l'a rappelé. Tel traitement qui fontionne ou pas et qui différe selon les populations, régions, pays, cultures. Ainsi, la science serait peut-être aussi culturelle ? Dans nos sociétés modernes occidentales une preuve scientifique absolue prédomine une simple observation empirique d'un mieux-être. Alors que certaines maladies se développent, plusieurs solutions sont envisagées pour essayer d'améliorer la santé. Citons la récente médecine génétique ou la thérapie génique. Une voie très chère en terme de coût et avec une efficacité que seul l'avenir pourra nous démontrer. Entre prévention et urgence curative, les alternatives vont bon train. Il existe par exemple des approches encourageantes comme celle de la médecine intégrative ou intégrée. Ici, le shiatsu peut avoir une place dans une conception plus globale de la santé.
Dans cette chronique, je m'intéresse à l'une des visions modernes de l'être humain et de sa santé. Celle de l'endobiogénie.
Comment le shiatsu en tant que méthode manuelle dont l'action est celle de stimuler un corps vivant à travers des pressions digitales, pourrait produire des mécanismes endobiogéniques ?
Définition de l'endobiogénie :
- Endo : intérieur
- Bio : vie
- Génie : capacité du corps humain à s'autogérer
« La maladie s'inscrit dans un être vivant spécifique ».
L'endobiogénie propose une vision intégrée du vivant qui s'appuie sur la physiologie intégrative. Cette vision intégrée est obtenue grâce à une modélisation innovatrice des mécanismes biologiques. Reposant sur les acquis les plus récents des connaissances médicales, l'endobiogénie prend en compte la fonctionnalité physiologique d'un patient dans son unicité et sa globalité. Elle considère l'ensemble des inter-relations dynamiques des différents systèmes qui constituent un individu.
L'endobiogénie en France est née des travaux des docteurs Christian Duraffourd (1943-2017) et Jean-Claude Lapraz. Ces travaux débutés il y a quarante ans, reposent sur une définition et une appréhension nouvelle de la notion de terrain en médecine - approche intégrative montrant que chaque individu possède un terrain qui lui est propre. Ce terrain est révélé au médecin par la compréhension du fonctionnement spécifique de son système endocrinien, système qui dans le corps gère tous les autres systèmes, du niveau du gène et de la molécule au niveau cellulaire ainsi qu’à tous les niveaux imbriqués, et qui se régule lui-même.
L’endobiogénie est ainsi une approche intégrée de l’être humain : elle cherche à expliquer comment notre organisme fait face et s’adapte à l’environnement, aux sollicitations du monde extérieur avec des agresseurs exogènes et endogènes ; notion enseignée dans les médecines traditionnelles d'Orient depuis de nombreux siècles.
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La théorie de l’Endobiogénie propose une nouvelle définition de la notion de terrain, fondée sur l’étude et la compréhension du fonctionnement neuro-endocrinien du vivant qui, en assurant la gestion harmonieuse de tous les évènements métaboliques de l’organisme, permet de maintenir l’équilibre propre à chacun.
Une conception moderne de la biologie, nommée biologie des fonctions (modèle mathématique de simulation biologique), tient une place majeure dans l’approche diagnostique. Elle a été mise au point par le Docteur Duraffourd lui-même, puis mise en logiciel informatique "intelligent" par Patrice Pauly. L’endobiogénie se base ainsi sur certaines avancées de la recherche scientifique.
La Médecine Endobiogénique est une médecine globale qui ne fragmente pas l’Homme. C’est une médecine curative et préventive : elle soutient et accompagne l’organisme dans sa dynamique d’auto-réparation au quotidien, grâce notamment à la phyto-aromathérapie. Elle ne se focalise pas sur la substitution hormonale, mais restaure les fonctions des glandes surrénale, thyroïde notamment ainsi que l’équilibre neurovégétatif et des neuromédiateurs.
Quel rapport avec le shiatsu ?
Tout comme le fondement de la méthode endobiogénique, la méthode shiatsu cherche à restaurer l’équilibre du corps et s'appuie sur la capacité du corps à s'autoguérir (s'autogérer).
Les médecines traditionnelle chinoise et japonaise montrent une certaine efficacité sur le maintien de la santé. En tout cas, si on se base sur une observation de la santé systémique des populations. Le Japon compte par exemple parmi les démographies les plus âgées de la planète et les taux de maladie les plus bas notamment chez les enfants. Les plantes médicinales c'est-à-dire végétales ou naturelles, les massages et les bains font notamment parties de l'arsenal thérapeutique en prévention mais aussi en curatif. Cet héritage culturel est devenu un mode de vie, un art de vivre.
Selon l'endobiogénie, il y a dans le corps humain un seul système capable de faire l'intégration de la vie c'est-à-dire de la succession des phénomènes destructifs et reconstructifs face aux agressions, et pour répondre à l'adaptation quelle que soit la nature de cette nécessité adaptative. Ce système pouvantt répondre à une action immédiate, instatanée à tous les endroits de l'organisme et capable de se gérer, est le système hormonal. Ce dernier est le responsable principal de cette gestion globale.
L'action du shiatsu est de réguler les systèmes endocrinien et neurovégétatif.
Le rôle de méthodes reconnues complémentaires à une médecine classique devient de plus en plus important aux vues des retours d'expérience en termes de ressenti et d'observation de la part des receveurs et des patients. Même s'il reste en France une méthode de bien-être et de relaxation, le shiatsu fait clairement partie des pratiques de plus en plus utilisées. Même s'il n'est en aucun cas une médecine en France, le shiatsu est une méthode manuelle qui s'inscrit dans la prévention. L'endobiogénie qui met en valeur des éléments comme les plantes médicinales s'inscrit aussi dans la prévention.
Sa finalité est de prendre en compte la fonctionnalité physiologique de l’individu dans son unicité et dans sa globalité, ainsi que dans la relativité des inter-relations dynamiques des différents systèmes qui le constituent.
Même si les études scientifiques manquent incontestablement sur les effets du shiatsu notamment dans des pays comme la France, les projets avancent très lentement, pas à pas.
En résumé, l'endobiogénie semble faire partie des pistes de compréhension et de mise œuvre d'approche nouvelle du malade, de la maladie et de la stratégie thérapeutique. Le shiatsu a toute sa place et reste une potentialité dans les médecines intégratives. Cependant, cela impose quelques pré-requis comme suivre une formation professionnelle de haut niveau s'appuyant sur une connaissance anatomique, des effets physiologiques et en s'abstrayant de jargon proscrit ; rappelons qu'en France, on n'a toujours pas le droit d'utiliser divers termes associés au monde médical conventionnel comme thérapeutique, patient, diagnostic même diagnostic oriental...).
Le shiatsu porte en lui dans son action physiologique de détente une possibilité pour le corps humain de se rééquilibrer c'est-à-dire maintenir ou rétablir son état d’équilibre fonctionnel ; il nous appartient alors de comprendre comment fonctionnent les mécanismes physiologiques qui gèrent ses capacités d’autoprotection et d’autoréparation, et quelles sont les modalités spécifiques de leur dérèglement ?
La médecine orientale a commencé un certain travail avec les premières études physiologiques sur les effets du massage shiatsu.
La médecine moderne peut continuer les siens avec les approches intégratives et son ouverture au shiatsu.
La médecine intégrative © SIMEPI
Sources et Notes :
©Wikipédia
©Père de la physiologie intégrative, Gilbert Chauvet (1942 - 2007, neurophysiologiste, physicien et mathématicien théoricien a formalisé la MTIP (Mathematical Theory of Integrative Physiology). Il est notamment l'auteur d'un traité de physiologie théorique (3 volumes) : Theoretical Systems in Biology : Hierarchical and Functional Integration
©Travaux mis aussi en évidence par la recherche génétique fondamentale et la génomique fonctionnelle
©Jean-Claude Lapraz président de la SIMEPI
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